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Adaptation/Atténuation : Gérer l’inévitable, éviter l’ingérable

L’adaptation au changement climatique et l’atténuation des émissions, les deux pans indissociables des politiques climatiques

Le Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique, le CRACC, est tout entier dédié à l’adaptation au changement climatique. Il est indispensable pour outiller l’ensemble des acteurs concernés par le sujet. Pour autant, cela ne signifie pas que les pouvoirs publics abandonnent les politiques d’atténuation du changement climatique, bien au contraire : ce sont deux volets complémentaires des politiques climatiques.

S’adapter au changement climatique, c’est se préparer aux conséquences du changement climatique pour limiter les dégâts éventuels en intervenant sur les facteurs qui contrôlent leur ampleur (par exemple, l’urbanisation des zones à risques) et profiter des opportunités.

Atténuer le changement climatique, c’est à la fois :

  • Réduire ou limiter les émissions de gaz à effet de serre ;
  • Préserver et améliorer les puits et réservoirs de GES (ex : forêts, sols, etc.)

Ces deux politiques sont indissociables

Evolution du climat

S’adapter, car par inertie climatique, les gaz à effet de serre émis jusqu'à présent conditionneront les évolutions du climat jusqu’en 2050 (image ci-contre, par ClimatHD de Météo-France).

Aussi, quels que soient les scénarios d’émission de gaz à effet de serre à partir de maintenant, la trajectoire d’évolution du climat jusqu’en 2050 est connue et n’en sera pas influencée.

Les scénarios de réductions drastiques des émissions, comme ceux de la neutralité carbone au milieu de ce siècle, permettront d’infléchir la courbe à partir de 2050, et, dans le meilleur des cas, de contenir le réchauffement global à +1,5°C.

Accord de Paris, article 2

L'accord prévoit de contenir d'ici à 2100 le réchauffement climatique

nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C 

Les scientifiques ont estimé qu’à partir d’un réchauffement global de +2°C, des points de basculements irréversibles pourront être atteints, comme la disparition des récifs coralliens ou, le dégel du pergélisol et la fonte de la banquise estivale arctique. Ce sont des effets dont les conséquences seront telles qu’il sera d’autant plus difficile de s’y adapter. C’est pourquoi les politiques publiques en matière de changement climatique s’appuient simultanément sur les deux volets de l’adaptation ET de l’atténuation.

Selon la formule du climatologue italien Filippo Giorgi :

Gérer l’inévitable, éviter l’ingérable

Les politiques d’atténuation visent à « éviter l’ingérable », tandis que les politiques d’adaptation consistent à « gérer l’inévitable ». En France, la stratégie d’adaptation est fixée par le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique, actuellement PNACC2 2018-2022, et la trajectoire d’atténuation est décrite par la Stratégie Nationale Bas Carbone visant la neutralité carbone du territoire en 2050.

Sur un autre plan, l’adaptation et l’atténuation sont des alliés pour la cohérence et l’acceptabilité des politiques publiques climatiques.

En parlant des effets du changement climatique et en cherchant à les traiter, il est peut-être plus facile d'en venir également aux actions sur les causes. L'adaptation est donc une bonne porte d'entrée pour traiter du climat.

Ainsi, les Sénateurs Dantec et Roux concluaient dans leur rapport en 2019 (1):

On a donc intérêt à dynamiser les efforts d’atténuation en s’appuyant sur la lisibilité et l’acceptabilité plus grandes des politiques d’adaptation.

 

(1) Rapport d’information de la délégation sénatoriale à la prospective sur l’adaptation de la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050, par MM. Ronan DANTEC et Jean-Yves ROUX, n° 511, 16 mai 2019