RÉSUMÉ
Source : site de l'ANR
Le programme de recherche « La démocratie face aux enjeux environnementaux » (= DEMOENV) a pour objet d’examiner les nouvelles et décisives questions que la problématique environnementale pose aux sociétés démocratiques, en croisant les approches sociologique, anthropologique, économique, politique, juridique et philosophique. Il s’agit en somme de construire des concepts communs pour ces différentes disciplines et une synergie autour d’interrogations d’ordre philosophique. Le but est de repenser la démocratie en fonction des nouveaux enjeux environnementaux. Le programme est articulé autour de cinq enjeux :
- Le cumul de vulnérabilité. Cette notion porte à considérer les nouvelles vulnérabilités induites par les changements environnementaux qui s’ajoutent aux vulnérabilités sociales déjà existantes dans les régimes démocratiques et hors d’eux. La précarité et la fragilité de certaines populations sont le creuset de nouveaux conflits, de nouvelles révoltes et famines, de nouvelles migrations climatiques, source de grandes instabilités politiques et géopolitiques présentes et à venir.
- L’évaluation économique des biens environnementaux. Cette évaluation implique une extension de l’économie de marché aux biens publics globaux, c’est-à- dire l’extension d’une logique marchande qui concerne dorénavant les données de la nature et non les productions humaines. Les décisions publiques prises en ce domaine sont donc confrontées à l’attribution d’une valeur monétaire à l’environnement recouvrant une dimension normative et, potentiellement, une dimension idéologique.
- Les nouvelles pratiques de gouvernance. Ces pratiques devront être analysées sous les angles suivants : leur légitimité (ou illégitimité), leur efficacité (ou inefficacité), les processus de privatisation progressive qu’elles engagent souvent et la réduction du domaine public.
- Les limites de la protection juridique nationale et internationale de l’environnement. Les nouvelles règles juridiques donnent lieu de la part de certains acteurs à la mise en place de stratégies d’évitement pour détourner directement ou indirectement les objectifs des lois. Certains acteurs économiques se livrent ainsi à du « dumping environnemental ». La question est alors de savoir comment faire respecter de manière générale les lois de protection de l’environnement.
- Les conceptions politiques présentées comme susceptibles de répondre aux urgences environnementales et la possibilité de dérives autoritaires. Il s’agira ici d’examiner le risque majeur que rencontre le régime démocratique : celui d’une remise en cause face à l’ «urgence environnementale».
Ces cinq enjeux sont aussi des risques pour la démocratie. Certains de ces risques sont ponctuels, mais d’autres sont plus fondamentaux, ils produisent des crises internes au régime démocratique, jusqu’à le remettre en question. Il s’agit donc de porter la réflexion jusqu’à repenser la structure interne de la société démocratique et ses limites, son aptitude à intégrer des dimensions nouvelles résultant des changements environnementaux. Le programme est interdisciplinaire parce que les questions environnementales ne sont jamais univoques, elles renvoient toujours à divers ordres de phénomènes, divers ordres d’effets. Institutionnellement cette pluridisciplinarité est représentée par cinq équipes françaises partenaires du projet (cf. ci-dessous) qui couvrent toutes les disciplines annoncées : l’environnement, sciences humaines et sociales, sciences politique et droit, auxquelles s’ajoutent une équipe allemande (Technische Universität Dresden, Philosophische Fakultät, Institut für Politikwissenschaft, Lehrstuhl für Politische Theorie und Ideengeschichte) dirigée par le professeur Hans Vorländer et une équipe italienne dirigée par le professeur Francesco Saverio Trincia à l’Université de Rome « La Sapienza ».