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Un coup d’avance : la Nièvre, pionnière des plans d’adaptation

En 2019, la Nièvre fut l’un des premiers départements à mettre en place une stratégie d’adaptation au changement climatique à l’échelle d’un département. Avec une philosophie : prévenir plutôt que de guérir. Bilan quatre ans après.

Fiche d’identité

Territoire : département de la Nièvre 

Objectif du projet : anticiper les conséquences du changement climatique et accompagner les transformations nécessaires 

Dates clés :  

  • 2019 : commande au Cerema d’un diagnostic sur la vulnérabilité du territoire au changement climatique
  • Mi 2019 : réalisation d’un atelier de travail avec une centaine d’acteurs locaux
  • Novembre 2019 : livraison du diagnostic
  • Début 2020 : définition de la stratégie à adopter
  • Fin 2020 : définition du plan d’action
     

Coût total du programme : 125 000 €


Lire : La stratégie départementale de la Nièvre en détail

Paysage de la Nièvre

Un plan d’adaptation au changement climatique ? En 2019, la notion même « d’adaptation » était peu répandue. « C’était la première fois qu’on nous interrogeait sur l’adaptation au changement climatique à une si grande échelle, se rappelle Anne Hilleret, responsable adjointe à la direction Centre-Est du Cerema, missionnée par le Département de la Nièvre pour réaliser un diagnostic de vulnérabilité. Un diagnostic d'autant plus difficile à mener que le territoire présentait une grande diversité de situations (des terres agricoles, des vignes, des forêts, des zones plus ou moins denses...).

Deux vulnérabilités majeures : l’eau et les canicules

« On a convaincu notre président que le changement climatique n’allait pas toucher que les exploitants agricoles mais l’ensemble du territoire et qu’il fallait réfléchir à cette échelle » explique Stéphanie Robinet, directrice générale adjointe de l’aménagement et du développement des territoires du conseil départemental de la Nièvre. S’en est suivi un diagnostic rigoureux sur les vulnérabilités du territoire et les chaînes d’impact, c’est-à-dire les conséquences sur les milieux et les activités humaines du changement climatique.Le document a révélé deux vulnérabilités majeures. D’un côté, celle liée à la ressource en eau qui touche aussi bien les habitants, avec la question de l’accès à l’eau potable, que l’économie territoriale avec son impact sur l’agriculture. De l’autre côté, celle liée aux canicules qui fragilisent particulièrement les populations les plus vulnérables comme les personnes âgées.

Un diagnostic qui bouleverse toutes les politiques publiques

Ce diagnostic, on l’a mis à disposition de tous les acteurs du territoire qui souhaiteraient s’en saisir pour refondre leur propre manière de faire» explique Stéphanie Robinet. Ce partage a permis de réunir autour de la table près de 130 acteurs locaux, de créer des synergies, de faciliter les échanges. Une dynamique qui se concrétise aujourd’hui par exemple avec les Assises départementales de l’eau, lancée cette année par l’État et le Département pour prévenir les risques de pénurie en eau. » 

Côté département, ce diagnostic s’est traduit en un vaste plan d’actions avec un volet sensibilisation notamment en direction des collégiens et des populations vulnérables. Il a également bouleversé la manière dont le Département mène ses politiques publiques et ses investissements. « Les élus viennent d'adopter une nouvelle programmation pluriannuelle d'investissement sur les collèges, dans laquelle la question du confort thermique, été comme hiver, est central » donne en exemple la directrice générale adjointe de l’aménagement et du développement du territoire.

De nouvelles pratiques de travail chez les agents

En interne, les agents sont aussi impliqués. « On les a amenés à s’interroger sur l’impact du changement climatique et ses effets sur leur travail ». Augmentation de la capacité de refroidissement des serveurs informatiques, adaptation des horaires de travail durant les périodes de forte chaleur pour protéger les agents exposés, application de lait de chaux sur les routes pour réduire leur température sont quelques-unes des actions qui ont vu le jour.

Aujourd’hui, fort de son expérience, le département encourage les collectivités à se lancer, avec son soutien, dans des démarches d’adaptation à leur échelle. Une initiative qui porte déjà ses fruits puisque deux territoires étaient volontaires début 2024 pour travailler à leur stratégie d’adaptation. Et le Département ne compte pas s’arrêter là. « Aujourd’hui on est assez mûr, pour élargir notre travail, initier une stratégie de transition écologique dans son ensemble. » De nouveaux ateliers sont en cours pour garder cette longueur d’avance.