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S’adapter, ne rien faire… combien ça coûte ?

Adapter notre pays aux conséquences du changement climatique nécessite un budget - évalué au minimum à 2,3 milliards par an pour les mesures incontournables à lancer dès maintenant, selon l’Institute for Climate Economics (I4CE). Mais ne rien faire alourdirait encore plus la facture.

-1 à 10%

du PIB

tous les ans, si +2°C sont atteints entre 2050 et 2070.

35%

du surcoût des assurances

sera lié au changement climatique d'ici 2050.

 

250 M€/an

additionnels pour engager des moyens humains indispensables à l’adaptation.

Le changement climatique a déjà de lourdes conséquences financières

Vagues de chaleur et sécheresses plus longues, pluies intenses, feux de forêts, déneigement, mouvements de terrain, instabilité climatique… C’est un fait désormais clairement établi, le changement climatique accentue les événements extrêmes, les catastrophes naturelles et leurs conséquences socio-économiques. Outre les morts et les blessés, ces sinistres menacent les biens, les ressources naturelles et les infrastructures, avec un fort impact financier à la clé.
Au-delà des mesures d'urgence, le coût d’indemnisation des assurances augmente. Le coût des sinistres climatiques est estimé à 10 milliards d'euros pour la seule année 2022 en France, contre 3,6 milliards d’euros en moyenne annuelle sur la décennie 2011-2021 (France Assureurs). Au poids financier de ces dégâts, il faut ajouter l’impact monétaire des effets sanitaires du changement climatique : entre 22 et 37 milliards de coûts cumulés pour la période 2015-2020 en France métropole, selon Santé publique France.

coût des sinistres climatiques

Des prévisions financières pessimistes

Ces conséquences financières vont s’aggraver avec les futures évolutions futures du climat. Swiss-Re anticipe ainsi que la France perde de -1% à -10% de son produit intérieur brut au cours des cinquante prochaines années à +2°C de réchauffement mondial. Du côté des assurances, le montant des sinistres dus aux événements naturels pourrait augmenter de 93 % ces 30 prochaines années pour atteindre 143 milliards d’euros en cumulé sur la période 2020 - 2050. Cela représente un surcoût de 69 milliards d’euros comparé aux trente dernières années (1989-2019). Le changement climatique seul contribuerait pour 35 % à cette hausse (24 Md€ de ces 69 Md€) (source : Le rapport de France Assureurs, 2021).

Télécharger : le rapport de la Caisse centrale de réassurance (CCR), 2018

A titre indicatif, quelques prévisions par secteur : en agriculture, des pertes de récolte de 7,4% pour le blé et de 9,5% pour l’orge sont attendues en 2050 (rapport Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, 2022.) Sur le réseau routier, les rénovations rendues nécessaires par les dégâts causés par le changement climatique entraîneraient un surcoût de 5%, soit 22 Mds€ d’ici 2050 pour un scénario à +2°C ( Carbone 4, 2021).

Adapter le pays : premières estimations de coût

Le coût de la transition de l’économie française vers la décarbonation est bien documenté (estimé à + 50 milliards d’euros par an). Préoccupation plus récente, celui de l’adaptation climatique commence à l’être. En 2022, l’Institute for Climate Economics (I4CE) publie la première évaluation des besoins financiers publics. 2,3 milliards d’euros supplémentaires par an, telle est son estimation globale pour dix-huit mesures incontournables à prendre d’urgence, dans onze chantiers prioritaires (sécurité civile, littoral, infrastructures de transport, bâtiment, etc.), : par exemple donner plus de moyens à la lutte contre les incendies ou à la prévention des inondations, aux Agences de l’eau qui coordonnent la gestion de l’eau en France ; aider les communes littorales touchées par l’érosion ; soutenir la transition économique des stations de montagne face à au déneigement, etc.
Ce n’est pas le poste de dépense le plus important (250M€/an) et pourtant cette question est centrale : les moyens humains et techniques sont un pré-requis indispensable pour engager l'adaptation face au climat. Sujet relativement nouveau, l’adaptation requiert des postes pour animer et piloter les politiques à l’échelle nationale mais surtout locale. Y consacrer du temps humain, de « l’intelligence » et de l’expertise technique est essentiel.

Les estimations de l'I4CE dans le détail

  • 2,3 Mds€ par an additionnels : les mesures d'adaptation à mettre en place dès aujourd'hui sans regret, quelle que soit la trajectoire d'adaptation qui sera fixée pour la France, dont :
  • 1.5 Mds€ pour une première série d'actions sans regret,
  • 540 M€ pour renforcer les politiques existantes
  • 250 M€ pour engager plus de moyens humains et d'ingénierie.

Prévenir coûtera toujours moins cher que réparer

Le Rapport britannique Stern (2006) a été le premier à évaluer l’impact économique des effets du changement climatique. Conclusion : le coût de l’inaction est supérieur au coût de la prévention : 5 % à 20 % du PIB mondial, contre 1 % pour celui de l’action. Depuis, le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) est lui aussi formel : plus les gouvernements tardent, plus la charge sera lourde. Même si l’on doit redoubler d’efforts pour atténuer le réchauffement climatique, il est tout aussi vital d’investir sans attendre pour préparer la France aux nouvelles conditions climatiques.
Tenir compte du climat futur dans les grands programmes d’investissement publics dès leur conception coûtera toujours moins cher que d’en subir les coûts a posteriori, souligne I4CE dans son étude. Par exemple, construire des logements ou des écoles aptes à résister aux canicules ; développer des réseaux de transports pouvant affronter des intempéries ; encourager des filières agricoles compatibles avec un manque d’eau… Intégrer ainsi l’adaptation dès le lancement des politiques publiques ne représente le plus souvent qu’un surcoût limité estimé, inférieur à 5 % par exemple pour moderniser les infrastructures de transport.

Ce « réflexe adaptation » sera en tous cas moins coûteux que de devoir modifier a posteriori des infrastructures, des bâtiments, des équipements industriels spécifiquement pour les adapter aux changements climatiques.
Dr Vivian Depoues et Guillaume Dolques | I4CE

Dernier point à relever dans le rapport action-inaction : l’impact financier de la sinistralité dans l’assurance dont la hausse provoquera celle des primes d’assurance pour les collectivités comme pour les usagers. "Pour 2050, la projection est de 280 aléas, alors que les sociétés d’assurances sont dimensionnées pour 50-60 aléas. D’où la nécessité de l’adaptation, face à un système assurantiel qui ne fonctionnera plus", estimait déjà Hervé Pignon, Directeur régional ADEME, lors d'une Journée « Stratégies territoriales d’adaptation au changement climatique », en 2013.

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