Climat : que nous dit la science ?
Le monde s’est déjà réchauffé de +1,1° depuis l’ère pré-industrielle et les experts envisagent qu’il atteigne +1,5° début 2030. En France, le réchauffement est encore plus rapide et atteint +1,7°. Ce qui accentue déjà les extrêmes climatiques: sécheresses, méga-feux, canicules, pluies diluviennes etc. Et demain ? A quoi s’attendre? Décryptage des évolutions climatiques en cours et à venir.
DANS LE MONDE
La planète subit un réchauffement sans précédent
- Le réchauffement climatique est actuellement de +1,1°C dans le monde comparé à l’ère pré-industrielle.*
- Il n’avait pas fait aussi chaud sur Terre depuis 125 000 ans environ.
- La montée du niveau des mers a atteint 20 cm en moyenne sur le globe et est la plus rapide depuis au moins 3 000 ans.
- Le recul des glaciers est sans précédent depuis au moins 2 000 ans.
- La concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère est la plus élevée depuis au-moins 2 millions d’années. *Ce chiffre de +1,1° est une moyenne : il inclut la température moins élevée des océans. Sur les terre émergées, la température atteint en réalité +1,6 °C. La moyenne de l’ère industrielle est estimée comme la moyenne entre 1850 et 1900.
*Ce chiffre de +1,1° est une moyenne : il inclut la température moins élevée des océans. Sur les terres émergées, la température atteint en réalité +1,6 °C. La moyenne de l’ère industrielle est estimée comme la moyenne entre 1850 et 1900.
L’homme, seul responsable du changement climatique
La science est formelle : les activités humaines sont bien la cause du changement climatique observé depuis les 150 dernières années. Ces activités sont génératrices de fortes émissions de gaz à effet de serre, ce qui perturbe le climat. Il s’agit principalement de la production et de la consommation des énergies fossiles : pétrole, charbon et gaz (GIEC, 6ème rapport, 2021-2022).
Comment l’effet de serre perturbe le climat
- Les gaz à effet de serre sont utiles : naturellement contenus dans l’atmosphère, ils aident à réguler le climat. Ils empêchent une large part de l’énergie solaire d’être renvoyée vers l’espace. Sans eux, la température moyenne de la terre serait de -18 °C et la vie n’existerait peut-être même pas.
- Mais depuis le 19e siècle, cet effet de serre s’est renforcé. L’homme a considérablement accru la quantité de CO2 dans l’atmosphère : production de masse, élevage intensif, déforestation, pollution des transports.... ce qui modifie l’équilibre du climat.
Des conséquences pendant des centaines d’années
Certains de ces gaz restent plusieurs centaines d’années dans l’atmosphère. Le principal gaz à effet de serre, le CO2 (deux tiers des émissions mondiales) y reste près de 100 ans. Ainsi, même si les émissions de gaz à effet de serre prenaient fin dès aujourd’hui, la température resterait élevée pendant des centaines années. D’autres évolutions climatiques sont largement irréversibles : par exemple, les glaciers et calottes de glace réagissent avec délai vis-à-vis du climat terrestre. Dans tous les cas, leur fonte va se poursuivre, avec des impacts pendant des centaines d’années notamment sur la hausse du niveau de la mer.
En revanche, le processus de réchauffement, lui, dépend directement de la quantité de CO2 émise. La planète cesserait donc immédiatement de se réchauffer si nous cessions d’émettre des gaz à effet de serre. Scénario très peu probable au vu des politiques actuelles des pays.
A quoi s’attendre demain : les estimations du GIEC
Jusque-là, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) s’appuyait sur des scénarios complexes, basés sur l’évolution de nos modes de vie et de concentration de CO2 dans l’atmosphère. Désormais, il présente la plupart des impacts du changement climatique en fonction du niveau de réchauffement mondial qui serait atteint.Ces estimations se basent sur les politiques en place et les engagements des États (Accord de Paris et COP) en termes d’émission de gaz à effet de serre. Ce nouveau mode d’estimation permet de partager un référentiel commun s’appuyant sur une moyenne mondiale de la température.
Dans ses derniers rapports, le GIEC ne donne pas les probabilités d’atteindre différents niveaux de réchauffement à différentes périodes mais il donne les informations suivantes :
- Début 2030 : le réchauffement mondial atteindrait 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle quel que soit le scénario d’émissions de gaz à effet de serre. Ce réchauffement se poursuivra jusqu’à l’atteinte de la neutralité carbone mondiale. Le proche avenir climatique est donc déjà quasi-écrit.
- Après 2030, deux scénarios principaux se dégagent :
- Si les Etats tiennent leurs engagements exprimés dans leurs contributions nationales demandées par l’Accord de Paris avant octobre 2021, le réchauffement mondial sera de 2,8 °C en 2100. Les annonces faites depuis par certains Etats changent très peu cette projection.
- Si les Etats maintiennent leurs politiques mondiales en place fin 2020, le réchauffement mondial atteindra 3,2 °C en 2100. A ce jour, c’est donc le scénario le plus probable au vu la tendance actuelle.
Le GIEC, qu’est-ce que c’est ?
Fondé en 1988, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) synthétise les travaux scientifiques sur le climat issues des 195 pays membres de l’Organisation météorologique mondiale et du Programme des nations unies pour l’environnement entier. Il produit des analyses détaillées, relues et approuvées par les États membres qui disposent chacun d’une voix.
Est-il possible de rester sous la barre des 2°C ?
C’est l’objectif de l’Accord de Paris, adopté en 2015 : rester bien en-dessous de 2 °C de réchauffement mondial comparé à l'ère préindustrielle et poursuivre les efforts pour ne pas dépasser 1,5 °C. Cela impliquerait de réduire, dès cette décennie 2021-2030 et très fortement les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Collectivement, nous ne sommes pas sur la bonne voie : même si celles-ci baissent en France, elles ont continué d’augmenter fortement entre 2010 et 2019 et retrouvé en 2021 et 2022 le même niveau d’avant Covid (GIEC, rapport 2023).
Dépasser les +4°, +5°C en 2100, est-ce envisageable ?
Les scénarios à très fortes émissions sont devenus moins probables, mais ne peuvent être totalement exclus. Un réchauffement supérieur à 4 °C peut résulter de scénarios d ‘émissions très élevées ou d’effets de bascule du climat (difficile par exemple de prévoir la réaction du climat à la fonte des glaces).
EN FRANCE
Depuis 1900, la température en France métropolitaine s’est réchauffée de +1,7°. Ce réchauffement s’accélère depuis les années 1980. Avec des effets déjà visibles sur notre système climatique. Et demain ? Que prévoient les climatologues pour notre pays ? Avec quels impacts concrets pour la métropole et l’outre-mer ?
Quel niveau de réchauffement, demain en France ?
En France métropolitaine
La température en France est plus élevée que la moyenne mondiale. Ainsi, selon un scénario où les politiques mises en place actuellement par les Etats se poursuivent, les climatologues prévoient que le réchauffement en France métropolitaine atteigne :
- début 2030 : +2 °C correspondant à niveau de réchauffement mondial de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle ;
- en 2050 : +2,7 °C (correspondant à un niveau de réchauffement mondial de +2 °C) ;
- en 2100 : +4°C (correspondant à un niveau de réchauffement mondial de +3 °C). Ce chiffre +4°C en France implique le maintien des politiques actuelles. +4°C représente une moyenne annuelle : en 2100, les étés pourraient être en moyenne 5 °C plus chauds par rapport à 1900.
Et dans les territoires d'outre-mer ?
L’influence océanique atténue légèrement le réchauffement moyen. La correspondance entre les niveaux de réchauffement planétaire et de réchauffement local est différente de celle de la métropole et le réchauffement local est légèrement inférieur au réchauffement planétaire. On s’attend tout de même à une hausse des températures, quelle que soit la saison, sur l’ensemble des territoires, entraînant une augmentation des journées chaudes et des nuits chaudes.
D'immenses défis pour adapter la France
Ces projections promettent des changements sévères. A titre de comparaison, un différentiel de 5° correspond à la différence de température entre le climat préindustriel et celui de l’ère glaciaire ! Des écosystèmes entiers pourraient disparaître, et l’un des points clés sera de maintenir les ressources en eau face aux sécheresses à venir.
Comment évolue et évoluera le climat en France? Avec quels risques climatiques associés ?
Avec +1,1°C de réchauffement planétaire, nous observons déjà des impacts sévères dans le système climatique. Des vagues de chaleur mais pas seulement. Le réchauffement est aussi synonyme (paradoxalement) de pluies plus intenses, de variabilité climatique, de sécheresses… Ces impacts augmenteront à l’avenir. Passage en revue des principales conséquences directes du changement climatique (source : Météo-France).
Vagues de chaleur
Elles ne cessent d’augmenter en fréquence et durée en France. Leur nombre de jours a été multiplié par quatre cette dernière décennie comparé aux années 1980, passant de 3 à 12 jours en moyenne annuelle. L’année 2022 se classe de loin comme l’année la plus chaude, depuis 1900. avec +3°C comparé à l’ére pré-industrielle. D’ici 2050 : le nombre de jours de vagues de chaleur devrait doubler en France, quel que soit le scénario d’émission de gaz à effet de serre. D’ici 2100, ces vagues pourraient s’étaler de mai à octobre.
Froid
Les vagues de froid seront moins fréquentes, moins longues et moins intenses, sans disparaître complètement.
Précipitations
Si le cumul annuel moyen de précipitations ne montre pas de tendance marquée depuis 1960 à l’échelle de la France, des différences sont visibles entre le Nord du pays (tendance à la hausse) et le Sud (tendance à la baisse). Les précipitations varient de plus en plus d’une année à l’autre. Les pluies extrêmes sont plus intenses et fréquentes (jusqu’à +20 % en Méditerranée) et gagnent des territoires comme la Bretagne, le Centre et le Nord-Est de la France.
L’évolution du régime des pluies reste incertaine. Elle est liée à la position particulière de notre pays dans une zone de transition climatique à l’échelle continentale, entre hausse des précipitations au Nord et baisse au Sud. Pour autant, les pluies devraient continuer à diminuer dans le sud de la France, en Outre-mer pendant la saison sèche et augmenter dans le nord en hiver. De même, la variabilité et les épisodes de pluies extrêmes s’accentueront, avec de forts risques d’inondation.
Sécheresses
L’intensité et la durée des sécheresses des sols ont été multipliées par deux depuis les années 1960 au niveau national et par trois dans le Sud du pays.D’ici 2050, on s’attend à 2 fois plus de sécheresses des sols en été, avec un manque de 2 MD de m³ d’eau si la demande reste stable.
Feux de forêts
Sécheresses et hausses des températures augmentent le risque d’incendie, qui progresse dans le nord, y compris dans des régions pas ou très peu concernées jusqu’ici. Le risque incendie progresse aussi dans le temps. La saison des feux s’allonge, avec une intensification du danger (« le coeur de saison ») : d’ici 2100, certaines régions pourraient être concernées par 1 à 2 mois supplémentaires de saison feu.
Niveau de la mer
Depuis 1900, la mer s’est élevée de 20 cm environ, contre 5 cm par siècle, les trois derniers millénaires. Cette hausse s’accélère depuis 30 ans et pourrait atteindre plus de 1 m de haut d’ici 2100. Elle va engendrer des inondations chroniques à marée haute, des records lors des tempêtes et l'érosion du littoral, par exemple pour les côtes sableuses. Plus de 50 000 logements seraient menacés par le recul du littoral à horizon 2100.
Enneigement
Les Alpes ont déjà perdu près d’un mois d’enneigement ces 50 dernières années. Toutes les projections scientifiques sont pessimistes : d’ici 2050, l’enneigement sera réduit de plusieurs semaines et le manteau neigeux aura perdu 10 à 40 % de son épaisseur, en moyenne montagne.
Dans les territoires ultra-marins
Le changement climatique aura, et a déjà, un impact particulièrement fort sur les territoires ultra-marins, souvent plus exposés et disposant de moins de marges naturelles de résilience : sur l'évolution des précipitations, la hausse du niveau de la mer, l'intensité des cyclones.
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