Erosion du littoral : Saint-Jean-de-Luz-Nord fait le choix du repli pour mieux se protéger
A l’instar de l’ensemble de la côte Basque, la corniche de Saint-Jean-de-Luz Nord voit sa falaise s’effriter à vue d’œil, année après année. En cause : le recul du trait de côte, ce processus naturel d’érosion accentué par le changement climatique. Or la rapidité du phénomène oblige les collectivités à changer de stratégie, et passer de la lutte au repli.
Fiche d’identité
Territoire :
- Saint-Jean-de-Luz-Nord
Calendrier :
- 2017-202 : élaboration du projet
- 2018 : étude d'aménagement précisant les grands principes d'un scénario de recomposition spaciale
- 2021 : signature du premier PPA national " adaptation au recul du trait de côte "
Coût : environ 6,4 millions d'€ (dont 2,6 millions d'euros d'aides de France Relance)
Les signataires du PPA :
- Communauté d’Agglomération Pays Basque (chef de file), Commune de Saint Jean de Luz, Syndicat des Mobilités Pays Basque Adour, Etat
Un partenariat élargi :
- Agence d’Urbanisme et de Développement Atlantiques et Pyrénées (AUDAP) ; Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement des Pyrénées-Atlantiques (CAUE 64) ; Conservatoire du Littoral ; Département des Pyrénées-Atlantiques ; Etablissement Public Foncier Local Pays Basque (EPFL Pays Basque) ; Groupement d'Intérêt Public Littoral Aquitain; Région Nouvelle-Aquitaine ; SAFER Nouvelle-Aquitaine.
" L’érosion du trait de côte ici est une réalité du quotidien ", partage Emmanuel Alzuri, maire de Bidart et chargé du littoral et du trait de côte au sein de la communauté d’agglomération du Pays Basque. Avant d’ajouter " la côte sableuse recule en moyenne de 0,5 à 1 m par an et la côte rocheuse de 20 cm par an ". Les projections sont sans appel : d’ici à 2043, 5 campings, 7 bars et restaurants, des habitations, plusieurs portions de voiries, des parkings et la station d’épuration d’Archilua qui traite les eaux usées de 80 000 habitants sont menacés. " La situation est critique " admet l’élu.
Un choix sans compromis
Face aux dangers pour les populations, finis les aménagements court-termistes. La ville et l’agglomération de Saint-Jean-de-Luz ont choisi de repenser l’aménagement de toute la zone avec une solution radicale : le repli des activités vers l’intérieur des terres et la renaturalisation des rivages. Une décision que les habitants ont plutôt bien acceptée : " Bien sûr, ce projet a nécessité de nombreuses réunions publiques. Mais les propositions ont globalement été bien accueillies par la population. Les gens nous font confiance car ce sont des opérations de bon sens qu’il était temps de mener ", explique le maire de Bidart.
Le projet partenarial d’aménagement, un accélérateur d’adaptation
Pour mener à bien ce projet de recomposition spatiale, les deux collectivités ont signé avec l’État le tout premier projet partenarial d’aménagement (PPA) en 2021. Un partenariat novateur, avec à la clé, un accompagnement en ingénierie et une enveloppe de 2,6 millions d’euros de France Relance. Un vrai accélérateur pour le projet selon l’élu. " En mettant autour de la table les signataires, mais aussi d’autres partenaires stratégiques tels que les agences d’urbanisme, le conservatoire du littoral ou encore des acteurs du foncier, le PPA fait gagner du temps et de l’argent tout en pilotant au mieux des projets complexes à la croisée des enjeux ".
Un exemple : La relocalisation du camping qui est en négociation avec l’État et qui demande d’aménager la loi littoral pour l’adapter et faciliter le recul de certaines activités. Ajuster les outils législatifs face aux dangers de l’érosion et de la submersion marine, identifier les bonnes pratiques, ce sont bien là les ambitions de ces projets partenariaux, pour préparer l’adaptation de nos côtes à plus grande échelle.
Les premiers aménagements ont vu le jour
Sur le littoral Nord de Saint-Jean-de-Luz, le projet de recomposition prend maintenant corps. Deux parking-relais, chacun connecté à une navette littorale, ont vu le jour pour limiter les déplacements en voiture. Le tracé du sentier de bord de mer a été modifié et l’ancien, végétalisé. Quatre plages sont en train d’être renaturées pour ralentir l’érosion du sable. La relocalisation de la station d’épuration est toujours en cours d’étude. Et avec le déplacement du camping, c’est une réflexion générale sur l’offre touristique qui est en cours.
Dans les années à venir, les aménagements vont se poursuivre car le projet doit permettre de s’adapter aux projections de retrait de côte à horizon 2050 et jusqu’au prochain siècle. Et Emmanuel Alzari de conclure: " Quand on est élu, gouverner c’est prévoir, et il est encore temps de prévoir, ce sont les dernières extrémités ". Saint-Jean-de-Luz et son agglomération ont choisi de ne plus attendre.