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Carine Galante, agronome : "notre objectif : obtenir une vigne capable de se défendre grâce à la biodiversité et aux écosystèmes qui l’entourent."

Des recherches sont en cours pour mieux identifier la pertinence des Solutions d’adaptation fondées sur la Nature. Dans le Lot-et-Garonne, la coopérative des Vignerons de Buzet, a planté un vignoble expérimental en agroforesterie. Entretien avec Carine Galante, agronome, responsable projets et innovations.

Comment la coopérative en est-elle venue à tester les Solutions d'adaptation fondées sur la Nature ?

En 2005, le vin ne correspondait plus aux attentes du consommateur. Les vignerons étaient confrontés à la nécessité de réduire les pesticides. Un nouveau DG est arrivé avec sa vision sur l’écologie et la responsabilité sociale. Du fait que nous travaillons avec le vivant, les solutions naturelles se sont imposées progressivement. Nous avons commencé par des inventaires de faune et flore et la sensibilisation des adhérents… Face aux enjeux du réchauffement, la coopérative a réalisé des projections des impacts sur ses vignes, fondés sur les scenarii du GIEC. Notre objectif est d’obtenir une vigne qui soit capable de se défendre grâce à la biodiversité et aux écosystèmes qui l’entourent.

Carine Galante, agronome
Carine Galante, agronome

 

Concrètement, quelles solutions d’adaptation testez-vous ?

Les actions que nous menons sur 17 ha, depuis 2019, visent à développer un écosystème viticole le plus riche possible en implantant, avec 28 modalités différentes, des cépages méditerranéens, résistants mieux aux parasites et aux maladies, comme le mildiou et l’oïdium ; des noues végétalisées pour mieux recueillir l’eau de pluie; des haies champêtres et fruitières entre les parcelles ; des érables dans les rangs de vigne ; des arbres têtards. Nous travaillons sans aucun produit phytosanitaire hormis ceux de l’agriculture bio (cuivre et souffre). Et observons déjà une meilleure microbiologie du sol pour les vignes situées près des arbres ou plantées dans l’herbe, sans labours.

Ces méthodes agroécologiques pourront-elles servir à d’autres cépages, d’autres territoires, voire d’autres cultures ?

Oui, en premier lieu auprès des viticulteurs de la coopérative, polyculteurs pour la plupart. Ils utilisent nos expérimentations pour améliorer leurs pratiques en arboriculture. En outre, notre programme est non seulement régional sur la vigne (Vitirev, financé par le Programme d’investissement d’avenir et la Région) mais devient national (Tetrae, porté par l’Inrae) sur l’agroécologie. Nous nous fondons sur la science avec des capteurs qui remontent des résultats sur 40 critères dont le climat, la biodiversité, la qualité de l’eau… Sans oublier la rentabilité.