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Jérémy Jolivet, chargé de projet Sivy : "Réhabiliter la rivière dans son lit originel permet de réguler inondations et sécheresses."

Dans le Cher, au nord de Bourges, la commune de Saint-Martin-d’Auxigny et le Syndicat intercommunal de la vallée de l’Yèvre (SIVY) ont reçu l’un des six premiers Trophées Artisan sur l’adaptation au changement climatique. Entretien avec Jérémy Jolivet, chargé de projet au SIVY.

Pourquoi avoir voulu réhabiliter la rivière Auxigny dans son lit d’origine ?

La rivière avait été détournée de son tracé naturel et canalisée sous une ancienne laiterie désaffectée. Cette contrainte engendrait des inondations récurrentes du bourg : en cas de fortes pluies, la friche agissait comme un goulot d’étranglement. Par ailleurs, cela posait un problème de continuité écologique au sens large.

Jérémy Jolivet, chargé de projet Sivy

 

Concrètement en quoi ont consisté vos opérations de renaturation ?

Nous avons commencé par remettre une partie de la rivière dans son fond de vallée sur environ 500 mères, tout en réhabilitant ses méandres. En aval, nous avons dépollué et détruit l’ancien site industriel pour redécouvrir le cours d’eau. Nous avons aussi supprimé l’endiguement qui avait été construit en aval sur deux hectares pour restaurer les fonctionnalités d’une zone humide.

Tous ces aménagements, ça change quoi ?

Tout d’abord, de lutter contre les inondations : les sinuosités recréées ralentissent l’écoulement de la rivière. Grâce à son nouveau gabarit, plus petit, le cours d’eau peut désormais déborder en amont sans risque pour le bourg. La zone humide restaurée peut aussi retenir des écoulements importants. La rivière retrouve le débordement naturel de son lit mineur à son lit majeur lors des crues.

Cela permet-il aussi de lutter contre la sécheresse en été ?

Oui. Car le cours d'eau est aujourd’hui à nouveau en lien avec sa nappe alluviale. Il alimente sa nappe phréatique en hiver, qui restitue l'eau en période sèche.

Et en termes de biodiversité ?

C’était un enjeu primordial. Végétaliser les berges aident la rivière à filtrer et épurer ses eaux. Nos analyses biologiques avant-après travaux montrent que les pâturages ont retrouvé un fonctionnement plus normal. De nouveaux poissons et plantes sont apparus. Pour suivre le retour de cette biodiversité, nous avons contractualisé un suivi d’indicateurs.

  • Coûts : environ 573 000 € TTC (travaux, étude – hors suivi, projets pédagogiques, …)
  • Financements : Etat, Région, Agence de l’Eau Loire-Bretagne, SIVY, Département du Cher
  • Durée : près de 10 ans ont été nécessaires pour convaincre tous les propriétaires des berges de l'intérêt de ces aménagements.