Bureau d'études et Infrastructures de transport
Tout au long de leur cycle de vie, les réseaux de transport doivent faire face à de nombreux impacts météorologiques, qui peuvent dégrader leurs infrastructures et altérer leur niveau de service et de sécurité. Avec le changement climatique, ces impacts vont être amplifiés, nécessitant alors des interventions plus fréquentes, plus lourdes, etc., ce qui n’est pas sans conséquence sur les budgets de gestion.
Dernières actualités
L’évolution des événements climatiques peut entraîner des dégâts sur l’infrastructure et/ou impacter les conditions d’exploitation, en voici quelques exemples :
sur le réseau routier :
- l’augmentation des températures maximales peut accélérer le vieillissement des chaussées en provoquant une déformation des couches de surface ; tandis que l’évolution des conditions pluviométriques aura des conséquences sur la corrosion de certains matériaux
- les coupures de réseau pourraient être plus fréquentes, du fait de l’augmentation des incendies, des inondations ou encore, des précipitations extrêmes qui peuvent faire déborder les réseaux d’assainissement
- certaines infrastructures : ponts, murs, ouvrages en terre par exemple, selon leur localisation géographique, pourraient être exposées à des risques d’affouillement ou de retrait-gonflement des argiles plus importants
- etc.
sur les réseaux maritime et fluvial :
- du fait de la localisation de ces réseaux, la hausse du niveau de la mer est un enjeu majeur
- couplée avec une évolution des conditions de houle, la hausse du niveau marin pourra entraîner des dégradations d’infrastructures, perturber l’exploitation portuaire plus fréquemment, voire à terme, rendre inutilisables certaines infrastructures selon les hauteurs d’élévation
- d’autres impacts sont attendus : des crues plus importantes pourraient impacter la navigation et l’entretien des infrastructures, les besoins de dragage pourront évoluer avec l’augmentation des étiages
- etc.
sur les réseaux ferré et de transport guidé :
- les canicules plus sévères sont susceptibles de causer des déformations de rails et de détendre les câbles d’alimentation électriques, perturbant ainsi la circulation des trains
- une hausse des températures maximales pourrait conduire à des perturbations de trafic plus fréquentes, car les systèmes électriques peuvent être sensibles aux fortes chaleurs
- etc.
Quelles stratégies d’adaptation ?
La mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation nécessite à la fois :
une bonne connaissance du réseau actuel :
- quelles sont les infrastructures qui le constituent, sont-elles toutes recensées dans une base, connaît-on leur état, leur niveau d’entretien, dispose-t-on de données techniques : matériaux de construction, hypothèses de dimensionnement, âge de construction, etc. ?
- quel est le contexte climatique, géographique du réseau : peut-il être concerné par des inondations, des canicules, des mouvements de terrain ? ◦ quels sont les enjeux du réseau : assure-t-il un trafic important, permet-il la circulation de services d’urgence ?
- etc.
et une connaissance des évolutions possibles : des conditions climatiques, des usages du réseau, des besoins des usagers, etc.
Ces connaissances permettront de déterminer à la fois l’évolution des vulnérabilités du réseau et les solutions d’adaptation pertinentes, qui peuvent être nombreuses.
Le gestionnaire devra donc prioriser ces solutions, en fonction de leur coût, du niveau de criticité de l’infrastructure face au changement climatique, des contraintes budgétaires et d’autres paramètres qui peuvent être liés à la stratégie de gestion du réseau notamment. Cette priorisation peut être réalisée à l’aide de méthodes d’analyses socio-économiques.
Enfin, la mise en place des solutions d’adaptation pourra se faire en définissant un calendrier de mise en œuvre, en mobilisant les financements adéquats, en communiquant sur l’utilité de l’adaptation, en suivant la mise en œuvre effective et ré-évaluant régulièrement les vulnérabilités du réseau.
La démarche en 4 étapes
1- Adapter la conception des infrastructures
Il peut s’agir de solutions de renforcement et/ou de protection :
- les solutions de renforcement visent à augmenter la robustesse des infrastructures afin de mieux les préparer à « absorber » les impacts climatiques : reconstruction d’infrastructures telles que les buses en prenant en compte l’évolution des paramètres climatiques dimensionnant, recours à des revêtements perméables pour mieux faire face aux ruissellements, etc.
- les solutions de protection : surélévation ou relocalisation des infrastructures existantes, application de produits anticorrosion sur les infrastructures les plus sensibles, etc.
2- Adapter l’exploitation des réseaux
Les mesures peuvent être variées, par exemple :
- utilisation des multiples moyens technologiques de communication et d’alerte à destination des usagers : systèmes de transport intelligents, panneaux d’information, etc.
- adaptation des plans de gestion de trafic à l’évolution des événements extrêmes : planification des itinéraires de déviation dans les secteurs les plus vulnérables
3- Adapter l’entretien des infrastructures
Il s’agit de solutions en réponse au vieillissement accéléré des infrastructures et aux désordres consécutifs à un événement climatique extrême, par exemple :
- opérations d’inspection, de maintenance et de réparation des infrastructures plus fréquentes, adaptation des contrats d’entretien et de maintenance en conséquence
- suivi en continu de l’état structurel d’une infrastructure au moyen de capteurs pour anticiper les opérations d’entretien
4- Adapter la planification des réseaux de transport
- évaluer la vulnérabilité des infrastructures de transport et de leurs fonctionnalités (déplacements quotidiens, touristiques, transports de marchandises, etc.) peut permettre d’enrichir les diagnostics de vulnérabilité d’un territoire au sein des documents de planification tels que les PCAET, ou des documents de gestion stratégiques propres à chaque gestionnaire, et à proposer des mesures d’adaptation pertinentes
- prendre en compte les infrastructures et leurs vulnérabilités dans les projets d’aménagement de territoire, quelle que soit leur ampleur : en cas de création ou réaménagement d’un espace public avec des voiries, favoriser l’utilisation de revêtements permettant l’infiltration des eaux dans les sols ; lors de l’aménagement de nouveaux espaces bâtis, évaluer les conséquences de la perméabilisation des sols sur les systèmes de gestion des eaux des réseaux de transport, etc.
- lors de la construction ou du réaménagement d’infrastructures de transport, adapter les cahiers des charges techniques pour tenir compte des évolutions climatiques à court et moyen terme sur l’infrastructure, mais aussi sur le besoin de l’usager (par exemple, intégrer des moyens de rafraîchissement pertinents pour les climats de demain dans les transports, planifier les ombrages d’été sur les pistes cyclables)
Que dit le PNACC 2 ?
Les référentiels techniques seront passés en revue par les services compétents et adaptés autant que nécessaire en donnant la priorité aux secteurs des infrastructures et matériels des réseaux de transport (fiabilité et confort climatique). Le ministère de la transition écologique et solidaire soutiendra les projets visant à l'adaptation des réseaux et infrastructures de transport.
Pour en savoir plus sur le Plan National d'Adaptation au Changement Climatique
Des exemples d’actions