Comment adapter son entreprise au changement climatique ?

Aménager les horaires pendant les canicules, diversifier les fournisseurs en cas de rupture d’approvisionnement, délocaliser une activité, voire changer de modèle économique… tout un panel d’actions est à envisager selon les risques attendus. Un chantier complexe, du plus concret au plus stratégique, autour duquel se sont développés méthodes et référentiels.

03 juillet 2023

Pour construire une stratégie d’adaptation adaptée aux besoins de votre entreprise, un préalable est indispensable : identifier les impacts du changement climatique sur vos activités, produits, services et sur vos salariés. Cela nécessite de passer au crible toute votre chaîne de valeurs à l’aune du risque climatique.

Ces risques sont difficiles à appréhender. Leur horizon d’occurrence et manifestations restent incertaines et varient selon l’activité de l’entreprise et sa localisation. Certaines entreprises seront particulièrement vulnérables: notamment celles basées sur des ressources naturelles ou nécessitant des conditions climatiques stables, comme les filières agroalimentaires et bois.

Concrètement, comment s’y prendre ? Il s’agit d’identifier les fonctions qui risquent d’être impactées à partir de questions concrètes : d’où vient la matière première et comment est-elle stockée ? Quelles seraient les conséquences de fortes chaleurs sur ce stockage ? etc.

Une entreprise doit déterminer les seuils acceptables pour son activité pour identifier les actions nécessaires selon l’évolution des températures, la quantité d’eau disponible, les jours de gels… se projeter à 5 ou 10 ans et identifier les investissements utiles.

Pour chaque étape, des outils opérationnels

Comment rentrer dans le sujet ? Sensibiliser les équipes ? Trouver des données sur les risques climatiques de sa localité? Diagnostiquer la fragilité de son entreprise? Etc. Les entreprises disposent de plus en plus d’outils et de méthodes pour bâtir leur stratégie d'adaptation face au changement climatique, la plupart en accès libre. Retrouvez-les dans notre page Outils et méthodes.

3 grandes approches

De plus en plus de méthodes existent pour aider les entreprises à évaluer les impacts du changement climatique sur leur activité. Comme le résume l’ADEME dans son guide Diagnostic des impacts du changement climatique sur une entreprise (lien), trois grandes approches se dégagent. Elles ne sont ni figées, ni exclusives l’une de l’autre :

1/ Evaluer les risques

Cette analyse est surtout utilisée dans le milieu de la réduction des risques de catastrophe naturelle ou industrielles. La criticité du risque est déterminée par la probabilité qu’un aléa se produise et la gravité de ses effets sur l’entreprise. Quels aléas menacent mes activités ? Quelle est leur probabilité d’occurrence ? L’ampleur de leurs conséquences ?

2/ Evaluer les vulnérabilités

Cette approche est issue des travaux du GIEC (5eme rapport). Il s’agit d’identifier le degré d’exposition de l’entreprise selon sa localisation (une usine localisée au bord d’une rivière sera plus exposée à l’aléa inondation par exemple) ; sa capacité à réagir selon ressources (financières, humaines, management, prises de décision, etc.)

3/ Analyser les seuils

Identifier différents niveaux de risque et les stades au-delà desquels le fonctionnement de l’entreprise est compromis.

Bâtir un plan d’action : de la prise de décision à l’évaluation

À la différence des mesures d'atténuation qui contribuent à l'effort global de la société, les mesures d'adaptation sont centrées sur l'entreprise elle-même. Ces actions sont très concrètes : mesures opérationnelles (horaires aménagées, travaux d'isolation, remplacement d'une machine inadaptée aux fortes chaleurs) ; tactiques, (déménagement vers un site moins exposé) ; ou stratégiques (abandon d'une activité jugée non viable à terme). Certaines seront permanentes ; d'autres exceptionnelles pour pallier une crise.

Le coût de l'action devra toujours être rapporté à celui de l'inaction.

Quelques exemples d'actions :

Adapter son site de production pour sauvegarder son activité en cas d’événement extrême : par exemple recourir à la gestion alternative des eaux de pluie pour prévenir les inondations ; bâtir des bâtiments plus résistants aux canicules et mouvements de terrain ; végétaliser.
Adapter son système de production : investir par exemple dans des techniques réduisant la consommation d’eau.
Adapter son modèle économique : par exemple en renforçant les liens avec les acteurs locaux, en relocalisant ses filières d’approvisionnement ou en développant une économie circulaire.
Adapter son organisation : pour préserver son activité en temps de crise (horaires décalés, télétravail…).

Points clés

Sensibiliser l’organisation

Mobiliser les équipes autour des nouveaux enjeux climatiques est essentiel. Applications, fresques… De nombreux jeux et supports pédagogiques ont été développés pour sensibiliser autour du climat. Engager les parties prenantes de l’entreprise, cela suppose aussi de bâtir en amont un argumentaire solide et accessible, à partir des constats scientifiques et des retours d’expérience. Il sera un socle percutant pour défendre de nouvelles orientations

Coopérer avec les autres acteurs du territoire

Cotre capacité à coopérer avec les autres acteurs du territoire (réseaux d’entreprise, collectivités…) renforcera votre capacité d’adaptation. L’un des enjeux est de sortir de la logique sectorielle du modèle économique actuel. S’intéresser à la diversité des effets du changement climatique, c’est faire un pas de côté pour repenser son modèle en lien avec son environnement, dans une approche systémique. Il s’agira notamment d’intégrer les enjeux biodiversité et de développer les Solutions d’Adaptation Fondées sur la Nature.

Se rapprocher des GIECS locaux

Le but de ces structures : décrypter ce qui se joue à l’échelle du territoire pour agir efficacement. Quasi toutes les régions en sont pourvues : AcclimaTerra (Nouvelle-Aquitaine) ; Grec-Sud (PACA) ; Reco ( Occitanie) ; Grec - Alpes - Auvergene ( Auvergne -Rhône-Alpes) ; Climibio-Cerdd (Hauts-de-France) ; Groupement Guadeloupe ; Grec francilien ; Giec – Normandie ; Haut Conseil breton pour le climat ; Giec – Pays de la Loire.

Rester agile : évaluer, s’ajuster

Les impacts du changement climatique varient dans le temps et selon le lieu. Votre adaptation doit rester itérative et s’ajuster au gré des besoins et de l’évolution des connaissances. Evaluer la démarche d’adaptation au fil de son déploiement est ainsi fondamentale. A cette fin l’ADEME a conçu l’outil ACT Adaptation.