Centre-Val de Loire : restaurer le fonctionnement naturel de la rivière Auxigny face à l'évolution des pluies

Contexte et enjeux climatiques
Le changement climatique s’accompagne d’une intensification des évènements extrêmes et des risques d’inondation. Une projection à l’échelle 2050, réalisée par l’Établissement Public Loire, concernant le bassin Yèvre-Auron (Cher), a mis en évidence différents facteurs de risques liés au changement climatique, sur ce territoire :

• un affaiblissement des débits moyens de 25 % des écoulements annuels
• une diminution de 25 % à 45 % des débits d’étiages
• une augmentation de 25 % de l’évapotranspiration annuelle
• une baisse de 25 % à 34 % du niveau des nappes souterraines

Au sein de cette vallée, la commune de Saint-Martin d’Auxigny a fait l’objet de six arrêtés de catastrophes naturelles depuis 1999 et d’un arrêté de prescription d’un plan de prévention des risques majeurs « ruissellement/coulée de boue », en 2005. L’ensemble de ce territoire est situé en zone vulnérable « Nitrates », ainsi qu’en zone de répartition des eaux (ZRE). La création d’une importante quantité de plans d’eau dédiés à l’irrigation et aux loisirs affecte également la ressource en eau sur le bassin.
Le projet de restauration de l’Auxigny, une petite rivière s’écoulant dans un bassin majoritairement rural et agricole, a pour objectif d’intégrer ces risques climatiques et d’y apporter des réponses en s’appuyant sur des solutions d’adaptation fondées sur la nature (SafN). Les actions envisagées visaient aussi à intervenir sur la raréfaction des zones humides fonctionnelles, la dégradation des corridors écologiques (trames verte et bleue) et la prévention de la prolifération des espèces invasives.

L’action d’adaptation et les services écosystémiques visés
Le projet, mené par la commune de Saint-Martin d’Auxigny et le Syndicat intercommunal de la vallée de l’Yèvre, visait l’amélioration de l’état environnemental du cours d’eau, via sa fonctionnalité morphologique, permettant une meilleure réponse de l’écosystème au risque d’inondation et optimisant ainsi le fonctionnement et la recharge des nappes phréatiques.

Concrètement, 3 espaces ont été aménagés sur 1,5 km d'une petit cours d'eau et sa plaine alluviale : désimperméabilisation d'une friche industrielle, aménagement d'une zone de pré pour limiter les assecs et privilégier des espaces inondables naturels, restauration des fonctionnalités d'une zone humide.
Ce projet a également permis de lutter contre les espèces exotiques envahissantes dont la prolifération est favorisée sur les sites dégradés (renouée du Japon) et de développer la concertation et la sensibilisation autour des enjeux écologiques à travers un programme de communication adaptée, et un projet de parcours pédagogique.

Suivi et évaluation de l’action
La restauration des fonctionnalités du cours d’eau et de ses espaces alluviaux permet une élasticité morpho-dynamique des milieux, au gré des évolutions de débits et des évènements climatiques. Ces espaces sont désormais entièrement dédiés à un fonctionnement naturel adapté.

Afin d’assurer le suivi du site, plusieurs évaluations ont déjà été réalisées :

• un suivi naturaliste pour relever l’intérêt écologique et accompagner la commune dans sa gestion adaptée ;
• un suivi biologique de la rivière avant et après travaux : indice poisson (IPR), IBD, I2M2 et suivi thermique ;
• un renouvellement du diagnostic morphologique des milieux aquatiques (REH « Réseau d’Évaluation des Habitats par Hydro-Concept ») ;
• un Inventaire de la Biodiversité Communale (IBC) dans le cadre des Territoires Engagés pour la Nature

Le fort potentiel pédagogique du site auprès des collectivités voisines incite à un suivi spécifique sur plusieurs années. En effet, l’analyse de l’efficacité des différentes méthodes et leur ajustement permettront d’adapter et de répliquer ce type d’interventions sur d’autres territoires.

Résultats clés obtenus et escomptés
Sur le plan de l’adaptation aux risques d’inondation, le projet a amélioré de manière conséquente les écoulements en étiage et en crues de la rivière. Il a aussi limité l’impact des inondations grâce à la fonctionnalité retrouvée des zones d’expansions de crues (> 3 à 4 ha au total) et à la capacité de rétention des milieux humides.
Concernant la biodiversité, une continuité végétale et aquatique a été restaurée grâce à l’effacement de deux ouvrages hydrauliques. Par ailleurs, le renouvellement d’une strate arbustive et boisée en bords de cours d’eau a permis de filtrer les eaux et de réduire leur réchauffement, de fixer les berges et d’accroître la biodiversité. Des espèces animales et végétales, adaptées aux milieux restaurés, sont à nouveau présentes sur le site (chabot, narcisse des poètes). Des investigations à venir identifieront concrètement le repeuplement.
Enfin, le nouvel espace naturel créé au coeur du bourg invite à la promenade et à la quiétude, renforçant l’attractivité de la commune. Un parcours pédagogique prévu au sein de la zone humide et une zone de jardins partagés aux abords de la zone humide viendront compléter les bénéfices pour la population.