Des réseaux de froid pour rafraîchir les villes : le retour d’expérience de Montpellier
Le climat méditerranéen se caractérise par des étés chauds et des hivers doux. Sur l’année, les habitants consomment davantage de climatisation que de chauffage, et les besoins ne cessent d’augmenter dans un contexte de réchauffement climatique. Pour y faire face, Montpellier Méditerranée Métropole s’est dotée d’un réseau de froid, devenant l’une des rares métropoles françaises à disposer d’un tel dispositif à cette échelle.
Fiche d’identité
Territoire :
- Montpellier Méditerranée Métropole
Réseaux de froid géré par :
- Altémed, un groupe d’entreprises publiques de la Métropole qui comprend une Société d'Économie Mixte dédiée au Réseau montpelliérain de chaleur et froid : la SERM.
Nombre de bâtiments desservis :
- 113, 745 000 m²
Nombre de centrales de production :
- 13
Longueur du réseau :
- 10 kilomètres
Vente d’énergie :
- 37 902 MWh
Production de froid provient d’énergie renouvelable ou faiblement carbonée :
- 97 %
Prix moyen de l’énergie avec abonnement :
- 168,48€ TTC/MWh
Contact
- frederick.cauvin@altemed.fr
Toutes les données sont pour l’année 2023.

Les premières réflexions sur le réseau de froid montpelliérain ont émergé dès les années 2010, à l’occasion des projets d’aménagement du quartier Port Marianne, avec l’ambition de maîtriser les besoins en climatisation. En plein développement, le site réunissait les conditions pour développer ce type de dispositif, à savoir : un futur besoin important, une énergie locale (le bois) et la construction de bâtiments neufs, plus simples à raccorder à ce type de réseau. La Métropole s’est ainsi saisi de l’opportunité. Depuis sa mise en œuvre opérationnelle en 2015, le réseau s’est progressivement étendu. « Le développement du réseau de froid permet à notre territoire de s’adapter aux effets du changement climatique, de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de construire une ville résiliente, sobre et innovante » résume Isabelle Touzard, vice-présidente à la Métropole en charge de la transition écologique et solidaire, énergie, biodiversité, agroécologie et alimentation.
Aujourd'hui, 23 quartiers de la ville sont desservis. Les immeubles y sont rafraîchis grâce à des centrales frigorifiques et des réseaux de canalisations souterraines. Des dispositifs nettement plus vertueux que les systèmes individuels de climatisation, puisqu’ils présentent un haut rendement énergétique, émettent peu de gaz à effet de serre et ne rejettent pas de chaleur. Autre avantage : leur entretien est garanti par une société spécialisée. “Tout ce qui est compliqué à entretenir, nous nous en occupons. Les clients paient simplement un abonnement et l'énergie consommée” explique Frédérick Cauvin, directeur général adjoint chargé de l’énergie à la SERM, Société d'Économie Mixte dédiée au Réseau montpelliérain de chaleur et froid.
Des réseaux de froid alimentés par des sources de chaleur renouvelable
La SERM a développé différents types de réseaux de froid selon les besoins et les opportunités. “Il est impératif de disposer d’une chaleur fatale et gratuite” précise Frédérick Cauvin. Ainsi, la production de froid est réalisée grâce à la géothermie lorsqu’une nappe d’eau souterraine le permet, un méthaniseur ou encore un datacenter, en récupérant la chaleur qu’ils produisent. La conversion du chaud au froid est assurée par des dispositifs techniques comme les thermo-frigo-pompes ou les groupes froid à absorption. 97% de la production de froid de la Métropole provient d’une énergie renouvelable ou faiblement carbonée. Un bénéfice qui profite aussi au chauffage, certains réseaux pouvant produire et distribuer aussi bien du froid que du chaud.
Une contrainte : le coût d’investissement
Pour s’assurer de l’utilité et de la viabilité de ces projets industriels, la SERM n’engage aucun travaux sans s’être assuré au préalable que toutes les mesures « passives » (ombrages, ventilation, inertie des matériaux…) ont été mises en œuvre et qu’elles sont réellement insuffisantes pour répondre aux besoins de rafraîchissement.
Ensuite, les besoins identifiés doivent être suffisamment conséquents. “Les aides de l’ADEME sont d’ailleurs conditionnées à la densité de besoins, précise Frédérick Cauvin. Nous travaillons dans le même groupe que l’aménageur donc nous pouvons réfléchir très en amont à des solutions collectives dans les quartiers à forte densité de besoin.” La réussite d’un tel projet nécessite un véritable soutien politique et une analyse économique pour chacune des parties intéressées : collectivité locale, aménageur, promoteur, futurs usagers et opérateur technique.
Un nouveau défi : connecter davantage de logements
Les réseaux de froid de la SERM fournissent principalement le tertiaire et les équipements publics dans les quartiers récents mais encore peu de logements (5,6%). Un des défis à l’avenir sera d’en alimenter davantage, notamment dans l'habitat ancien. Car si dans les nouveaux quartiers, les bâtiments peuvent être raccordés dès leur construction, il est plus complexe d'ajouter un réseau de distribution et d'émission de chaleur et de froid dans les quartiers anciens, notamment en raison du coût. “La difficulté est de convaincre tous les copropriétaires d’investir et d’accepter des travaux en site occupé, explique Frédérick Cauvin. Si nous arrivons depuis la crise énergétique à raccorder des immeubles anciens au réseau de chaleur, nous n’avons pas encore réussi à le faire en froid.”