Montagne : " Il faut repositionner le ski à sa juste place pour s’adapter au climat. Si nous travaillons pour les habitants, alors les touristes seront bien chez nous "

En 2022, la communauté de communes a décidé d’arrêter la gestion en régie directe de la station de ski de Saint Pierre de Chartreuse - Le Planolet, déficitaire depuis plusieurs années. Que s’est-il alors passé ?

Nous avons réuni les parties prenantes pour leur expliquer la situation financière et leur dire que nous ne pouvions pas continuer à injecter de l’argent dans la station de ski, au détriment d’autres compétences de la collectivité. Des réunions régulières associant des moniteurs, des clubs de ski, des loueurs d'équipements, des restaurateurs… ont permis de réfléchir ensemble à l’avenir du site. Pour éviter une fermeture totale, un collectif informel de bénévoles et de salariés s’est monté en association et a repris la gestion de la station à compter de la saison 2024/2025. Le choix a été de faire fonctionner le domaine sur un périmètre limité et sans télésièges, trop coûteux. Aujourd'hui, les comptes sont à l’équilibre, la station a trouvé une viabilité.

En quoi ce premier travail autour du domaine skiable vous a permis d’élargir la réflexion à l’avenir du territoire au sens large ?

La méthodologie et le chemin de co-construction - de ses frictions jusqu’aux conclusions communes - ont été utiles pour réfléchir à l’avenir de tout le territoire. Nous continuons ce travail avec un groupe (dit « des alliés ») d’une quarantaine de personnes (des habitants, des socioprofessionnels, etc.). Près de 30 réunions ont été animées en 2024. Chacun partage ses idées, participe à la co-construction des projets et nous veillons à leur cohérence. Maintenant, nous devons concrétiser les propositions issues des ateliers. Notre objectif est de garantir le bien-être et la qualité de vie de nos habitants. C’est le titre de notre document cadre sur la transition : « Un engagement commun pour une vie de qualité ». 
Pour cela, nous devons agir de manière systémique. Au-delà de l’offre touristique, on travaille sur la mobilité, l’eau, l’agriculture, la forêt, etc. Nous avançons étape par étape. 
Par exemple, au niveau de l’agriculture, nous avons une coopérative laitière très dynamique. C’est une économie en circuit court avec un magasin où les habitants et les visiteurs peuvent s’approvisionner. Et ça fait vivre les paysans qui font de l’élevage extensif de bovins. Nous avons financé l’agrandissement de la cave d’affinage avec un prêt sans intérêt. 
Nous aidons aussi financièrement les agriculteurs qui s’installent sur le territoire. En 2025, nous allons travailler sur le foncier pour repérer des terrains à la vente et y flécher les installations. C’est important pour le renouvellement des générations. Pour que dans 10 ans, notre agriculture perdure. Si nous travaillons pour les habitants, alors les visiteurs et les touristes seront bien chez nous.

Même avec une offre de ski réduite, le territoire Cœur de Chartreuse peut-il rester une destination touristique ?

Notre offre touristique n’est pas uniquement basée sur le ski. Nous avons tout intérêt à jouer sur nos richesses que sont les patrimoines architecturaux, villageois, naturels mais aussi culturels et cultuels. Car les moines chartreux se sont installés sur notre territoire il y a près de 1 000 ans. Pour la vie de l’ordre, ils ont construit des moulins, des verreries ou encore creusé des étangs. Nous pensons créer un circuit qui mette en lien tous ces patrimoines singuliers. L’idée est de proposer une expérience de découverte qui permette de comprendre l’histoire de la Chartreuse et comment ses habitants, de tout temps, ont su s’adapter.