Agriculture : la Provence tente d'implanter la réglisse pour résister aux sécheresses et aux ravageurs

Face aux changements climatiques (sécheresses, augmentation de la température, plus grande variabilité pluviométrique, etc.), les activités agricoles du département vont être davantage fragilisées. La culture de la réglisse présente une alternative de diversification pour les agriculteurs, tout en promouvant une agriculture sobre en eau et en intrants. Pour les entreprises de transformation de la réglisse, cela représente une opportunité de sécurisation de leur approvisionnement.

Les cultures emblématiques de la zone méditerranéenne, pourtant réputées résistantes à la sécheresse et à la chaleur, montrent déjà des signes avant-coureurs annonçant une diminution, voire un effondrement de la production à long terme. Dans ce contexte, Agribio13 a cherché à identifier des cultures plus robustes et d'intérêt pouvant trouver leur place dans le paysage agricole du département. 

La réglisse s'est imposée assez rapidement. Jadis cultivée dans la région, c'est une légumineuse qui possède une bonne résistance à la chaleur et aux stress hydriques prolongés. Une rencontre entre une entreprise de transformation implantée localement et Agribio13 a montré une volonté commune d'avancer sur le développement d'une filière réglisse. 

C'est dans le cadre de sa démarche RSE et pour sécuriser ses approvisionnements que cette entreprise a souhaité se lancer dans le développement d'un approvisionnement local, qui puisse soutenir les agriculteurs bio du département. 

Afin de développer la filière de réglisse dans les Bouches-du-Rhône, plusieurs objectifs ont été définis : 

• Développer les surfaces pour viser sur le long terme plusieurs dizaines d'hectares ;
• Affiner l'itinéraire technique en fonction des différents sites d'expérimentation et des exploitations concernées ;
• Progresser sur la mécanisation des opérations culturales notamment en mettant au point une récolteuse-chargeuse ;
• Étudier l'intérêt de la réglisse sur le plan technico-économique et en termes de services écosystémiques. 

A partir d'une plantation de 7 ans initiée par l'entreprise partenaire en Camargue, 35 000 boutures ont été préparées manuellement puis implantées chez 2 producteurs installés sur la rive gauche de la Durance. Un hectare supplémentaire a été implanté en 2024, ce qui porte à 3 hectares la surface plantée sur ce secteur. Néanmoins, un hectare a été quasiment perdu faute d'irrigation et le rythme de plantation a été ralenti à la demande de l'entreprise partenaire. 

A terme, l'objectif vise plusieurs dizaines d'hectares, mais cela nécessite une phase expérimentale (en cours) pour mettre au point un prototype de récolteuse des racines, le procès de transformation et pour affiner les pratiques culturales en agriculture biologique. A noter que les racines sont en fait des rhizomes, dont la récolte s'effectue tous les 5 ans. La gestion des adventices reste un défi majeur de la culture de la réglisse, la partie aérienne disparait en hiver pour ressortir au printemps. 

La mise au point de la récolteuse, a été retardée, impactant l'extension des surfaces. L'analyse technico-économique en fin de cycle permettra également d'évaluer la rentabilité de la culture et d'identifier les marges d'amélioration. 

Objectifs 2025 : 

• + 2 ha avec l'entreprise partenaire ;
• Proposer une culture de type paysanne en diversification PPAM ;
• Identifier de nouveaux partenaires pour de nouveaux débouchés ;
• Rechercher d'autres cultivars/espèces.