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Changement climatique : un enjeu devenu majeur pour la santé publique

Canicules et inondations meurtrières, explosion des allergies, nouvelles maladies, détresses psychologiques… Les effets du changement climatique sur notre santé physique et mentale se multiplient et s’intensifient. Face à ce qui est devenu une menace majeure pour la santé publique, les collectivités et les organisations ont leur rôle à jouer pour protéger les populations.

33 000

décès liés à la canicule

en France entre 2014 et 2022
(source : Santé publique France )

2 millions

de Français écoanxieux

au point de nécessiter un suivi psychologique
(source : Ademe)

81

départements colonisés
par le moustique tigre

en Métropole, sur 96  (0 en 2004)

Comprendre

  • Sur-mortalité : 20 ans après la canicule de 2003 et ses 15 000 morts, la température moyenne française a augmenté de 2,2°C sur 2015-2024 par rapport à la période préindustrielle, et le nombre de jours de vagues de chaleur a été multiplié par 6 depuis 1961-1990 selon Météo-France. Les scientifiques prévoient une hausse de 4°C d'ici 2100. Plus que les pics eux-mêmes, ce sont les températures élevées sur plusieurs jours qui aggravent le risque de mortalité. Entre 2014 et 2022, la canicule a causé plus de 33 000 décès selon Santé publique France.
  • Au quotidien, la canicule génère de multiples impacts sanitaires. Elle est source d'accidents de travail en faisant perdre en vigilance et en réactivité (INRS). Chez les femmes enceintes, elle déclenche des accouchements prématurés. L'intensification des rayons du soleil aggrave aussi la pollution de l'air, avec une hausse de l'ozone, gaz qui provoque des problèmes respiratoires. De même, la puissance des UV cause de nouveaux cas de mélanomes et de déficiences visuelles. Une augmentation de la température ambiante de 2°C entraînera une hausse de l’incidence du cancer de la peau de 11 % dans le monde d’ici 2050 (Ligue contre le cancer).
  • La chaleur affecte aussi la santé mentale. Elle crée un effet de « confinement », une baisse d’activité et un isolement social. Les personnes atteintes de psychose, démence ou addiction ont deux à trois fois plus de risque de mourir pendant les vagues de chaleur révèle la revue Polytechnique Insights. Une hausse des agressions et de la violence domestique  a aussi été observée, pour partie liée aux perturbations du sommeil et du système endocrinien sous l'effet des températures. D’ici la fin du siècle, les Français perdraient entre 50 et 58 heures de sommeil par an selon Millénaire 3.

L'éco-anxiété, nouveau mal du siècle


L'éco-anxiété touche massivement les Français : 2,1 millions en souffrent au point de nécessiter un accompagnement psychologique (5% de la population). Parmi eux, 420 000 présentent un risque réel de développer une pathologie mentale. Les jeunes paient le plus lourd tribut : 10% des 25-34 ans et 8% des 15-24 ans sont "très fortement éco-anxieux" (source : étude 2025, Ademe/Observatoire de l’Eco-anxiété).

Une réponse normale à une crise exceptionnelle...
Bien qu'il ne soit pas encore reconnu par l'OMS, le terme "éco-anxiété" est maintenant inclus dans le Larousse 2023. Il s'agit d'une détresse face aux changements climatiques, perçus comme incertains et menaçants, mais ce n'est pas un trouble psychologique en soi. Loin d'être pathologique, elle constitue une réaction rationnelle à la gravité de la situation. L'Inserm préconise une approche sociétale plutôt que médicale.

 ...Qui peut basculer vers des troubles graves
L'éco-anxiété n'est pas une maladie mais peut rendre malade. À son paroxysme, elle affecte significativement la santé mentale, justifiant une prise en charge adaptée. L'enjeu : accompagner les éco-anxieux à dépasser leurs inquiétudes pour passer à l'éco-action. "Parce qu’elle menace la santé mentale de plus de 2 millions de Français, l’éco-anxiété est un enjeu de santé publique qu’il convient de prendre en charge pour en faire une force positive d’adaptation aux situations environnementales à venir", Pierre-Éric Sutter, Observatoire de l'Eco-Anxiété.

Catastrophes naturelles, événements extrêmes : des risques démultipliés

  • Les allergies : ces dernières décennies, les allergies liées au pollen ont explosé et touchent près de 30 % des Français selon l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). D'après les projections de l’OMS, c’est même la moitié de la population qui sera touchée à horizon 2050. La hausse des températures favorise les plantes allergènes existantes et l’installation d'espèces exotiques envahissantes comme l'ambroisie. La saison pollinique démarre plus tôt, avec des pollens plus nombreux et plus allergisants. Par ailleurs, les fortes chaleurs déclenchent l'asthme d'orage : les orages violents surviennent plus tôt, en même temps que les pics polliniques. Ils font éclater les grains de pollens dans l'air, qui s’infiltrent mieux dans les bronches, provoquant des pics d'admission aux urgences.
  • Nouvelles espèces nuisibles : couplé avec les échanges mondiaux, le changement climatique redessine les aires de répartition d’espèces animales nuisibles à la santé de l’homme. Les chenilles processionnaires gagnent du terrain en France. Leurs poils urticants peuvent être projetés sans contact direct. 1 300 cas d’exposition ont été enregistrés par les centres antipoison entre 2012 et 2019 en France.
  • Plus inquiétant encore, le changement climatique bouleverse la carte des risques infectieux. La transmission de maladies vectorielles s'intensifie. Le moustique tigre, absent avant 2004, colonise 81 départements métropolitains sur 96 en 2025. « Les maladies causées par le moustique-tigre ont une probabilité assez élevée d'occasionner une pandémie dans les cinq années à venir », alerte l'Anses. La métropole enregistre 65 cas autochtones de dengue en 2022, tandis que la Réunion paye déjà le prix fort, comptabilisant 30 000 cas en 2021. Les tiques restent actives toute l’année avec des hivers plus doux. Elles sont porteuses de la maladie de Lyme (47 000 cas en 2021 selon Santé publique France).
  • Les zoonoses : le changement climatique favorise aussi les zoonoses, les maladies d'origine animale transmises à l'homme. Avant le XXe siècle, on comptait une pandémie par siècle. Depuis 2000, six se sont déjà produites : SRAS, grippe H1N1, MERS-CoV, Zika, Ebola et Covid-19. Dans ce contexte de changements climatiques accélérés, il faut s'attendre à de potentielles répétitions, alertent les scientifiques.

Les allergies explosent, la géographie des maladies infectieuses est bouleversée

  • Les allergies : ces dernières décennies, les allergies liées au pollen ont explosé et touchent près de 30 % des Français selon l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). D'après les projections de l’OMS, c’est même la moitié de la population qui sera touchée à horizon 2050. La hausse des températures favorise les plantes allergènes existantes et l’installation d'espèces exotiques envahissantes comme l'ambroisie. La saison pollinique démarre plus tôt, avec des pollens plus nombreux et plus allergisants. Par ailleurs, les fortes chaleurs déclenchent l'asthme d'orage : les orages violents surviennent plus tôt, en même temps que les pics polliniques. Ils font éclater les grains de pollens dans l'air, qui s’infiltrent mieux dans les bronches, provoquant des pics d'admission aux urgences.
  • Nouvelles espèces nuisibles : couplé avec les échanges mondiaux, le changement climatique redessine les aires de répartition d’espèces animales nuisibles à la santé de l’homme. Les chenilles processionnaires gagnent du terrain en France. Leurs poils urticants peuvent être projetés sans contact direct. 1 300 cas d’exposition ont été enregistrés par les centres antipoison entre 2012 et 2019 en France.
  • Plus inquiétant encore, le changement climatique bouleverse la carte des risques infectieux. La transmission de maladies vectorielles s'intensifie. Le moustique tigre, absent avant 2004, colonise 81 départements métropolitains sur 96 en 2025. « Les maladies causées par le moustique-tigre ont une probabilité assez élevée d'occasionner une pandémie dans les cinq années à venir », alerte l'Anses. La métropole enregistre 65 cas autochtones de dengue en 2022, tandis que la Réunion paye déjà le prix fort, comptabilisant 30 000 cas en 2021. Les tiques restent actives toute l’année avec des hivers plus doux. Elles sont porteuses de la maladie de Lyme (47 000 cas en 2021 selon Santé publique France).
  • Les zoonoses : le changement climatique favorise aussi les zoonoses, les maladies d'origine animale transmises à l'homme. Avant le XXe siècle, on comptait une pandémie par siècle. Depuis 2000, six se sont déjà produites : SRAS, grippe H1N1, MERS-CoV, Zika, Ebola et Covid-19. Dans ce contexte de changements climatiques accélérés, il faut s'attendre à de potentielles répétitions, alertent les scientifiques.

Pourquoi le changement climatique fait-il apparaître de nouvelles maladies ?

Le réchauffement climatique accélère l'émergence des zoonoses par trois mécanismes : il fragilise directement les animaux (stress thermique, déshydratation, affaiblissement immunitaire...), étend l'aire de distribution des vecteurs vers des régions épargnées, et bouleverse les habitats, renforçant le contact entre les animaux sauvages et les humains. Ce facteur déterminant s’ajoute à d’autres paramètres : élevage industriel, échanges internationaux, déforestation et artificialisation des sols.

Pour en savoir plus : lire cette note du ministère de l'agriculture

Une fragilisation de services de santé déjà sous pression

Ces crises pourraient fragiliser des services de santé déjà sous tension comme lors de la pandémie COVID. En août 2025, les statistiques montrent une augmentation de 40% des admissions aux urgences pour des cas de déshydratation sévère, coups de chaleur et évanouissements. Les infrastructures sanitaires sont par ailleurs vulnérables aux fortes températures et aux catastrophes naturelles. Ruptures de transport ou d’approvisionnement en médicament et dysfonctionnements techniques sont à prévoir. Le rapport Paris à 50°C cite des groupes froids ayant cessé de fonctionner au-dessus de 43°C ou la fonte de câbles d'alimentation dans un hôpital. Le secteur de la santé dépend d’un approvisionnement stable en denrées alimentaires et en eau, le rendant sensible aux sécheresses et restrictions. Anticiper ces tensions est essentiel.

Des inégalités face aux risques de santé

Les fortes chaleurs menacent surtout ceux qui peinent à réguler leur température corporelle : les jeunes enfants, les personnes âgées, en surpoids, sous traitement, présentant une maladie chronique, les femmes enceintes… La capacité d’adaptation dépend aussi de facteurs socio-économiques. Un accès limité aux espaces verts, ou la pauvreté, augmentent les risques de décès liés à la chaleur, selon Santé publique France. Les plus défavorisés, les enfants, les personnes âgées ont moins de ressources pour faire face et chercher du soutien en cas de crise. Par exemple, les climatisations avec rejet de chaleur dans l’air augmentent l’exposition du voisinage ne pouvant s’offrir ces systèmes.

Agir

Canicules, événements extrêmes, prolifération d'espèces nuisibles : les collectivités doivent désormais intégrer ces risques sanitaires grandissants dans leurs politiques publiques. Cette adaptation suppose une transformation profonde des pratiques d'aménagement, une sensibilisation accrue des populations et des changements de pratiques. L'enjeu dépasse désormais la simple gestion des risques. 

Repenser l’aménagement du territoire : vers un urbanisme favorable à la santé

La nouvelle donne climatique oblige les collectivités à repenser leurs approches de l'aménagement. Le Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC 3) leur demande d'intégrer peu à peu un même scénario climatique : la trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation (TRACC), basée sur un réchauffement de +4°C en 2100 dans tous leurs documents d'urbanisme.

Dans les zones à risques : via ces textes, les collectivités peuvent limiter les constructions en zones à risque ou exiger des infrastructures résilientes. Le Var cesse ainsi de délivrer des permis de construire dans les zones de tension hydrique, et le Pays basque condamne certaines portions de route menacées par l'érosion du littoral. Autre levier crucial à mobiliser : les solutions fondées sur la nature. Préserver des écosystèmes naturels sains est vital pour faire face aux risques accrus d’inondations, de sécheresses et de tempêtes. Deux illustrations : préserver les zones humides permet de limiter les risques d'inondations, en stockant l’eau, tout en alimentant les nappes. De même, planter des haies prévient les inondations tout en limitant la sécheresse du sol.

 

 Aujourd'hui, on ne peut plus concevoir une aire de jeux qui soit exposée en plein soleil toute la journée l'été  Lucie Anzivino | Directrice de projets Santé Environnement au Cerema

Cette remarque illustre la nécessité d'intégrer le « réflexe adaptation » dans tous les projets d'aménagement. Face aux phénomènes climatiques amplifiés, l'urbanisme favorable à la santé s'impose comme une réponse opérationnelle. Cette approche réduit les risques sanitaires, encourage des modes de vie plus sains et limite les inégalités socio-environnementales.
Les collectivités disposent de solutions diversifiées : présence de l’eau et végétalisation urbaine pour rafraîchir (sans aggraver le risque pollinique, en veillant au choix des espèces plantées), désimperméabilisation des sols pour limiter les risques d’inondation, innovations techniques (revêtements clairs, ombrages architecturaux, circulation de l'air, pour s’adapter aux fortes chaleurs, matériaux perméables)... La plupart des bâtiments ne sont pas conçus pour affronter les fortes chaleurs, préserver leur confort d'été est désormais indispensable notamment en ce qui concerne les populations les plus fragiles. En ce sens, de plus en plus de collectivités rénovent leurs cours d'école pour les rafraîchir. 

Faire face aux maladies émergentes

Le moustique tigre, vecteur de maladies tropicales, illustre parfaitement les nouveaux défis sanitaires. Une femelle peut pondre jusqu’à 200 œufs à la fois, exclusivement sur des surfaces verticales au-dessus de l'eau stagnante. La prévention passe par la suppression de tous les récipients d'eau potentiels, d'autant que le moustique évolue dans un périmètre de seulement 150 mètres autour de son lieu de naissance.

L'ANSES estime qu'une épidémie liée au moustique tigre est probable dans les 5 ans. En cas d'urgence, les agences régionales de santé peuvent déclencher des opérations de démoustication, mais celles-ci ne sont que provisoires car elles ne détruisent que les adultes. De plus, elles risquent de créer une résistance encore plus forte chez les moustiques. Des solutions innovantes émergent : la Réunion a testé avec succès la stérilisation des mâles, permettant une réduction de 60% puis 90% des populations. Brive-la-Gaillarde lance cette opération en 2025, tandis que Grenoble anticipe par un plan d'urgence préventif (voir encadré).

Grenoble lutte contre le moustique tigre

Arrivé à Grenoble en 2017, le moustique tigre fait l'objet d'une politique de sensibilisation intense de la part de la Ville pour en limiter la prolifération. La Ville a aussitôt informé les habitants des bons gestes à adopter pour limiter la présence d'eau stagnante et ainsi empêcher la ponte des femelles. Elle a formé en interne des gestionnaires de bâtiments, lancé un marché de nettoyage des toitures municipales et elle prévoit de sensibiliser les gestionnaires de parc immobilier (syndics, bailleurs sociaux…) existant ou futur. Elle élabore une stratégie de gestion de crise en cas d'épidémie. Sa mission de police sanitaire l'autorise à contraindre les propriétaires à supprimer les eaux stagnantes.

Vue sur Grenoble - Sophie Revol - Pixabay

Sensibiliser et changer les pratiques

  • Culture du risque. Au-delà des aménagements, les collectivités doivent sensibiliser leurs administrés et restaurer une « culture du risque » qui s'est estompée. Aux côtés des agences et professionnels de santé, elles ont un rôle de prévention essentiel pour diffuser les gestes qui sauvent. Elles peuvent pour cela s'appuyer sur les différents kits de communication réalisés par les services publics pour faire face aux risques incendie, inondations, sécheresses, canicule, etc.
    Pour rapprocher les citoyens de cette notion de risque, des outils peuvent être diffusés. Par exemple, l'application Reco Santé alerte en temps réel par commune sur les niveaux de pollens, UV et risques météo. Le site Errial propose un diagnostic perso
  • De nouvelles mesures. En France, le décret de mai 2025 renforce les obligations des employeurs pour prévenir le risque de chaleur : adaptation des horaires, suspension des tâches pénibles aux heures chaudes, ajustement des périodes de repos (Ministère Travail). Face aux inondations, l'exemple espagnol est instructif : suite aux inondations meurtrières de Valence en 2024, l'Espagne a créé un « congé climatique » de quatre jours maximum, rémunéré par l'État, pour éviter les déplacements lors d'événements extrêmes. Cette mesure illustre la nécessité d'adapter nos organisations collectives aux nouveaux défis climatiques.
    De nouvelles pratiques sont sans doute à inventer au fil du temps. Par exemple, décaler les dates des examens ou des manifestations sportives en période de canicule; celles des feux d'artifice face aux risques de sécheresses, etc.  

La santé, un argument mobilisateur pour agir face au climat

L'angle sanitaire s'avère particulièrement efficace pour sensibiliser élus et citoyens aux enjeux climatiques. Selon une étude de Parlons Climat, la volonté de protéger les conditions de vie et la santé des enfants constitue un levier mobilisateur fort. L'urgence sanitaire rejoint désormais l'urgence climatique.

L’approche One health, une seule santé

Né dans les années 2000, ce concept reconnaît l'interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale. Elle prône une collaboration interdisciplinaire pour surveiller, prévenir et combattre les maladies qui peuvent se transmettre entre ces trois domaines. Elle s’affirme aujourd’hui comme un levier essentiel pour guider l’action des territoires face aux risques sanitaires grandissants.

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Le rapport du deuxième groupe du GIEC (2022) concernant l’adaptation au changement climatique confirme des craintes déjà établies : les canicules estivales seront plus fréquentes, longues et intenses et vont être le risque majeur en ville pour les décennies futures.

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