Biodiversité
Adaptation : biodiversité et sociétés humaines dans le même bain.

Par les modifications qu’il crée en matières de températures, de précipitations, de fréquences et d’intensité d’évènements extrêmes, le changement climatique impacte également toutes les composantes du monde vivant qui nous entoure, que ce soit à l’échelle des espèces ou à l’échelle plus large des écosystèmes. Or nos sociétés humaines dépendent de la capacité de la biodiversité à s’adapter.
Dernières actualités
Mieux connaître les services écosystémiques
L’étude et la prise en compte de ces « services écosystémiques » peuvent contribuer à la réduction des effets du changement climatique, ou permettre de s’y adapter. Ainsi, les océans, les forêts ou les prairies contribuent très fortement à fixer le carbone atmosphérique. La plasticité du vivant peut apporter des solutions pour adapter l’agriculture ou la forêt aux changements globaux, ou encore adapter nos villes aux conditions nouvelles.
Aider la nature à s’adapter
Pour pouvoir continuer à bénéficier de ces « services » il faut donc mettre en œuvre des actions ayant pour objectif de conserver ou de restaurer la capacité de la nature à s'adapter (ou résilience) en diminuant les pressions humaines sur les espèces et les milieux là où cela s’avère nécessaire, et en favorisant localement la diversité et les continuités écologiques.
Une sensibilité particulière en Outre-Mer
Les territoires outre-mer sont très sensibles au changement climatique : parce qu’ils sont pour la plupart insulaires et de dimension modeste, ils possèdent une capacité d’amortissement des pressions inférieure à celle des espaces continentaux. Leur haut niveau d’endémisme leur confère également une fragilité car la disparition des populations d’un territoire (extinction locale) signifie la disparition de l’espèce à l’échelle mondiale (extinction globale).
Des risques pour la biodiversité, terrestre, aquatique et marine
La présence de populations d’espèces animales ou végétales sur un territoire est fortement conditionnée par les caractéristiques de ce territoire, dont les paramètres climatiques : précipitations, ensoleillement, températures, vents, etc. Le changement de ces conditions climatiques va donc avoir de nombreuses répercussions.
La température a une influence prépondérante sur la croissance des végétaux (bourgeonnement, floraison, maturation des fruits) ou sur la capacité des espèces animales à se reproduire ou s’alimenter. Une modification des températures moyennes mais aussi minimales et maximales va avoir plusieurs impacts.
Source : « Projet carbofor, tâche D1: modélisation et cartographie l’aire climatique potentielle des grandes essences forestières françaises» Badeau et al. 2004


Des espèces qui se déplacent en fonction du climat
Dans les zones où une espèce est actuellement présente, les conditions climatiques ne lui permettent plus ou pendant une période trop courte de répondre à ses besoins vitaux. Ses populations vont donc diminuer et se déplacer vers d’autres territoires où les conditions climatiques sont plus favorables. Des déplacements des aires de répartition (enveloppe des territoires présentant des conditions favorables à chaque espèce) vers le nord ou en altitude sont ainsi possibles sous l’effet du changement climatique, voire déjà observés.
Des cycles biologiques désynchronisés
Les cycles biologiques annuels sont réglés par des variations saisonnières de paramètres tels que les températures et la longueur du jour. Une modification des cycles biologiques liée au changement climatique peut avoir des répercussions importantes en induisant une « désynchronisation » des cycles entre une proie et son prédateur, une plante et son pollinisateur ou encore une espèce animale et la plante dont il se nourrit. La période de naissance des faons qui était auparavant celle de la reprise de la végétation a très peu évolué depuis trente ans alors que l’arrivée du printemps est de plus en plus précoce. Les naissances ont donc lieu dans des conditions moins favorables, impactant ainsi la survie moyenne des faons.
Des conséquences pour les sociétés humaines
Les sociétés humaines dépendant de la nature pour bon nombre de ses activités, les perturbations liées au changement climatique seront nombreuses.
Déstabilisation de l’agriculture et de la sylviculture
Les effets du changement climatique sur la végétation vont impacter les activités agricoles et sylvicoles :
- perte de récolte lors d’évènements climatiques extrêmes (tempêtes, vague de chaleur provoquant des sécheresses agricoles voir des incendies…),
- perte de rendement ou de qualité (stress hydrique, variétés inadaptées…).
L’augmentation des températures, associée à des conditions hydriques de plus en plus défavorables, va par exemple avoir un impact sur les caractéristiques des vins, voire à l’avenir poser la question de l’adaptation des cépages au territoire.
- extension de l’aire de répartition des ravageurs et parasites, comme c’est le cas par exemple pour la chenille processionnaire.
- modifications de la phénologie des espèces agricoles et sylvicoles : on observe par exemple une évolution des dates de pleine floraison et de vendanges dans tous les vignobles français. En moyenne, les vendanges ont ainsi lieu 15 jours plus tôt qu'il y a 40 ans.

La nature, auxiliaire de l’adaptation au changement climatique
Si certains des bénéfices que l’homme retire de la nature vont être remis en cause, le recours aux services que procure la nature ou « services écosystémiques » reste la voie la moins coûteuse et la plus durable pour s’adapter au changement climatique. Cette stratégie s’intègre dans le développement des « solutions fondées sur la nature »* qui permettent également de répondre à d’autres enjeux (par exemple la réduction des pollutions par phytoremédiation). |
Préserver la résilience pour favoriser l’adaptation
La résilience doit être un objectif de l’action pour favoriser l’adaptation de la biodiversité au changement climatique.
La résilience doit être un objectif de l’action pour favoriser l’adaptation de la biodiversité au changement climatique
Il est dans notre intérêt de favoriser la survie des espèces et la « bonne santé » des écosystèmes en préservant leur résilience, c’est-à-dire leur capacité naturelle à retrouver un équilibre suite à des perturbations, en s’y adaptant. Y contribuent, par exemple, des mécanismes tels que l’évolution génétique et la capacité à migrer.
Les actions en faveur de l’adaptation de la biodiversité au changement climatique doivent donc viser à :
- préserver ou restaurer les espaces naturels et les continuités écologiques
- conserver la diversité génétique, des espèces et des écosystèmes
- limiter les autres facteurs de vulnérabilité : perte et dégradation des habitats, invasions biologiques, surexploitation des espèces et pollution des milieux acquérir une meilleure connaissance de la biodiversité pour limiter nos impacts.
Une sensibilité particulière en Outre-Mer
Parmi les écosystèmes les plus menacés, il faut citer les forêts tropicales : leur distribution et leur composition spécifique sont affectés, et les épisodes de sécheresse prolongés augmentent leur vulnérabilité aux incendies. Les espèces caractéristiques de ces forêts, extrêmement adaptées à leur milieu, ne peuvent s’acclimater à des variations même très légères des conditions climatiques. Les récifs coralliens sont également sensibles à la hausse de température : les coraux peuvent expulser leurs micro-algues avec lesquelles ils vivent en symbiose, et mourir. Les mangroves sont menacées par l’élévation du niveau des mers et les écosystèmes d’eau douce en arrière mangrove ne peuvent remonter plus en amont à mesure que la salinité de l’eau progresse à l’intérieur des terres. L’augmentation du niveau de la mer pose problème également aux îles basses, en particulier les atolls de Polynésie française : leur faible altitude les rend plus vulnérables à la submersion. Enfin, l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des tempêtes peut entraîner une érosion permanente des côtes.
Que dit le Plan biodiversité ?
Dévoilé le 4 juillet 2018, le Plan biodiversité vise à renforcer l’action de la France pour la préservation de la biodiversité et à mobiliser des leviers pour la restaurer lorsqu’elle est dégradée. L'un de ses objectifs est de renforcer l’utilisation des solutions fondées sur la nature, pour contribuer à notre adaptation aux changements climatiques et favoriser la résilience des territoires. 1 000 collectivités seront ainsi accompagnées d'ici à 2022 pour qu'elles deviennent des territoires engagées pour la nature. Des solutions fondées sur la nature innovantes seront déployées dans 20 territoires pilotes d'ici à 2025.
Que dit le PNACC 2 ?
Le renforcement de la résilience des écosystèmes est essentiel pour leur permettre de s’adapter au changement climatique et pour que l’on puisse s’appuyer sur les capacités des écosystèmes pour aider notre société à s’adapter au changement climatique, en veillant au « bon fonctionnement des écosystèmes » et en renforçant les synergies entre préservation des écosystèmes et usages humains.
Dans le cadre du Plan biodiversité, le MTES déploiera les solutions fondées sur la nature dans l’ensemble du territoire.
Il s’agira de protéger, de gérer de manière durable et de restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés ou de s’appuyer sur des pratiques agro-écologiques pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité.
La réduction des risques d’inondation et de submersion entre dans cette approche dans le cadre des Plans de Gestion du Risque Inondation, dont les Programmes d’Actions de Prévention des Inondations constituent un outil – et dont le 3 e appel à projets met l’accent sur les milieux naturels particulièrement concernés par la mise en œuvre de cette approche sur les mesures autres que les travaux de protection.
Le MTES renforcera les capacités de résilience des écosystèmes face au changement climatique, en particulier pour les plus vulnérables (écosystèmes humides, aquatiques, herbacés, montagnards, marins, littoraux, forestiers, sols), en s’appuyant notamment sur :
- l’amélioration et la diffusion des connaissances ;
- le soutien et la valorisation de projets de recherche sur les liens entre la biodiversité et le changement climatique ;
- la préservation, la restauration et le renforcement des continuités écologiques, en s’appuyant sur la trame verte et bleue et les infrastructures agro-écologiques ;
- les meilleures pratiques de gestion agricole, piscicole, aquacole et forestière ;
- le développement d’un réseau cohérent, connecté et représentatif d’aires protégées mettant en place une gestion adaptative ;
- l’identification et le développement d’outils contractuels, fonciers, réglementaires et financiers permettant de rendre conciliable les activités avec la biodiversité dans le cadre de l’adaptation au changement climatique ;
- l’intégration des enjeux de résilience des écosystèmes et de disponibilité en eau, présente et future, dans toutes les politiques publiques et schémas sectoriels des activités économiques pertinents.
Pour en savoir plus sur le Plan National d'Adaptation au Changement Climatique
Leviers d'action adaptation au changement climatique pour S’appuyer sur les capacités des écosystèmes pour adapter le territoire au changement climatique |