Risques naturels en hausse : comment se protéger au mieux ?
Inondations, mouvements de terrain, recul des côtes… Avec le changement climatique, les territoires seront davantage exposés et de façon plus intense aux aléas naturels. Les collectivités ont intérêt à agir sans attendre afin de protéger leur territoire et leurs habitants d’éventuelles catastrophes.
COMPRENDRE
De quoi parle-t-on ?
On répertorie huit risques naturels majeurs sur le territoire français: inondations, mouvements de terrains, feux de forêts, séismes, avalanches, éruptions volcaniques, cyclones et tempêtes. Leur intensité et leur récurrence varient en fonction de l’exposition et de la sensibilité du territoire. Or, le réchauffement du système climatique influence certains de ces risques ce qui peut aggraver la vulnérabilité des territoires concernés.
Quelques définitions…
- L’aléa est un événement plus ou moins prévisible et généralement hors de contrôle. On décrit un aléa par sa nature, sa localisation, sa fréquence et son intensité.
- La vulnérabilité correspond à la fragilité d’un enjeu (population, activité et/ou construction humaines) face à un aléa.
- Le risque est le croisement entre l’aléa et la vulnérabilité. L’adaptation est la diminution de la vulnérabilité par diminution de l’exposition à l’aléa et de ses effets potentiels.
Pour le Ministère de la Transition Ecologique, le risque naturel recouvre l’ensemble des menaces que les phénomènes et aléas naturels font peser sur les populations, les ouvrages et les équipements.
Des risques naturels aggravés par le changement climatique
Les deux tiers des communes françaises sont exposées à au moins un risque naturel. Par exemple, 1 Français sur 4 et un emploi sur 3 sont aujourd'hui potentiellement exposés aux inondations, principal risque au titre du nombre de communes concernées et du coût économique des catastrophes. Pris de manière indépendante, aucun événement ne peut être attribué en tant que tel au changement climatique. Toutefois, les recherches montrent que le changement climatique augmente la fréquence et l'intensité de certains phénomènes :
- les phénomènes d’inondations « éclairs » ;
- les vagues de chaleur, canicules et sécheresses ;
- les phénomènes de submersion et d’érosion des côtes ;
- les problèmes de retrait-gonflement d'argile ;
- les risques d’incendies de forêts ;
- Outre-mer, les simulations indiquent que les cyclones ne devraient pas être plus nombreux, mais plus intenses ;
- les études actuelles ne permettent pas de mettre en évidence une tendance future significative sur l’évolution des tempêtes.
Adapter son territoire à ces risques permettra de répondre à de multiples enjeux
Anticiper les coûts pour la collectivité. A titre indicatif : les inondations représentent un coût de 520 M€ par an. Avec le changement climatique, ce coût pourrait atteindre 11,5 Mds€ par an en 2100.
Limiter les effets sur la santé humaine. La multiplication des événements extrêmes fait subir des dégâts matériels importants avec des risques de mortalité et des conséquences psychologiques. Les canicules nuisent à la santé de la population, particulièrement aux plus fragiles.
Préserver l’attractivité de son territoire. Un territoire très exposé aux risques naturels peut perdre en attractivité : perte de valeur des biens immobiliers, coût plus important des assurances, perte de productivité des entreprises, cadre de vie de moins en moins agréable pour les habitants (par exemple en cas de canicules à répétition).
Préserver l’environnement. En favorisant les solutions fondées sur la nature pour se prémunir des risques naturels, on contribue aussi à préserver la biodiversité.
AGIR
Comment s'adapter à l'aggravation des risques naturels? A la différence des risques technologiques, il est difficile d’empêcher les événements naturels de se produire. Il s’agit donc de lancer, dès aujourd’hui, des mesures visant à réduire les dommages associés.
Le cadre d’action : les grands principes de la prévention des risques naturels
Les stratégies d’adaptation aux risques naturels s’inscrivent dans les politiques de prévention, qui reposent sur 7 piliers selon le ministère de la transition écologique :
- la connaissance des aléas et des risques ;
- la surveillance ;
- l’information des citoyens ;
- la maîtrise de l’urbanisation
- la réduction de la vulnérabilité (aménagements individuels ou collectifs permettant de réduire le risque) ;
- la préparation aux situations d’urgence ;
- le retour d’expérience.
Les principaux leviers d’action pour s’adapter aux risques naturels
1/ Développer la culture du risque
Pour qu’une stratégie d’adaptation soit bien acceptée, impliquer tous les acteurs (citoyens, élus, professionnels, etc.) est indispensable. Aussi bien en temps de crise (solidarité spontanée, bonne coordination) que sur le long terme, pour co-construire des actions.
La mémoire du risque permet aux institutions, services de secours, habitants d’anticiper les risques et d’adapter leurs comportements en cas de crise. L’information du citoyen est codifiée (code de l’Environnement L125-2, L125-5 et L563-3). Le citoyen est en droit de connaître les dangers auxquels il est exposé, les dommages prévisibles et les mesures préventives qu’il peut actionner. lI est aussi en droit de connaître les moyens de protection déployés par les pouvoirs publics.
Pour renforcer la culture du risque sur leur territoire, les collectivités peuvent :
- Mieux connaître la vulnérabilité de leur territoire aux aléas climatiques, notamment en s’appuyant sur le diagnostic de vulnérabilité établi dans le cadre des plans climat air énergie territoriaux (PCAET) ;
- Anticiper, innover : anticiper une aggravation d’événements (comme les sécheresses) ou la survenue de nouveaux événements (par exemple des avalanches) dans des zones jusque-là préservées nécessite d’être en veille. Cette veille doit être explicitée, vulgarisée. Elle est facilitée par les outils d’information accessibles à tous (site internet Climat HD…) et les observatoires régionaux du climat.
- Informer et faire connaître les risques à partir de cartographies : zones inondables et hauteur d’eau, îlots de chaleur urbains, zones exposées au risque RGA, etc.
- S’appuyer sur l’expertise des acteurs locaux et spécialistes pour acculturer la population ;
- Sensibiliser aux gestes de premiers secours ou aux bons réflexes, par exemple en cas de canicule ou d’inondation.
Maire, intercommunalités, Préfet… A chaque échelon, son rôle
- Le maire : il est chargé de connaître les risques et de diffuser l’information auprès de la population. Il doit veiller à communiquer régulièrement. Il est chargé d’alerter et d’organiser les secours en cas de crise. Il dispose de trois outils réglementaires : le dossier d’information communal sur les risques majeurs, le plan local d'urbanisme et le plan communal de sauvegarde. Le plan communal de sauvegarde définit l'organisation d'alerte, les consignes de sécurité, les moyens disponibles et le soutien à la population. Il est obligatoire pour les communes dotées d'un plan de prévention des risques naturels (PPRN) ou d’un plan particulier d'intervention (PPI). Le document d’information communal sur les risques majeurs précise les risques naturels et technologiques dans la commune ; les mesures prises par la commune, avec des exemples de réalisation ; les mesures à respecter en cas de danger ; le plan d'affichage de ces consignes. Il est consultable en mairie et affiché dans les campings en zones à risque.
- Les intercommunalités : elles jouent un rôle clé pour aménager le territoire, gérer les milieux aquatiques et prévenir les inondations.
- Les conseils départementaux et régionaux sont aussi impliqués. Le conseil départemental, par exemple, définit les politiques d’investissement et finance le fonctionnement des différents services départementaux spécialisés.
2/ Maîtriser l’urbanisation dans les zones à risque
C’est l’un des leviers majeurs pour s’adapter aux risques naturels aggravés par le changement climatique. Il existe deux principaux dispositifs : les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) et les documents d’urbanisme (SCoT et PLU-i).
Le Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN)
Créé par la loi du 2 février 1995, il constitue l’un des instruments clés de l’État et s’élabore avec la commune concernée. Son objectif ? Maîtriser les constructions dans les zones exposées directement (ou indirectement, quand des aménagements peuvent aggraver les risques). Il réglemente l’utilisation des sols à l’échelle communale en fonction des risques encourus : le zonage va de l’interdiction à la possibilité de construire sous conditions en passant par l’imposition d’aménagements sur l’existant. Par exemple :
- un PPR inondations peut imposer des dispositions de construction (ex : cote de plancher à respecter au-dessus du niveau des plus hautes eaux) ou d’usage (ex : amarrage des citernes ou stockage des flottants).
- Un PPR argiles peut proscrire de créer des puits à moins de 10 m d’un bâtiment ; obliger à réaliser une étude géotechnique pour les travaux de déblais ou de remblais modifiant la profondeur d’encastrement des fondations d’un bâtiment.
La planification territoriale
La législation impose aux collectivités d’intégrer les risques naturels et l’adaptation au changement climatique dans l’urbanisme (L.101-2 du code de l’urbanisme). Les documents d’urbanisme – SCOT et PLU-H doivent respecter les règles de rang supérieur notamment les objectifs des Plans de Gestion des Risques d’Inondations. Ils doivent aussi intégrer les PPRN approuvés sur leur périmètre. Cela dit, les élus gardent des marges de manoeuvre dans le choix des moyens. Ainsi le SCOT fixera les grandes orientations en identifiant les enjeux contradictoires à concilier (par exemple densification/lutte contre les îlots de chaleur urbain). Le PLU-H déclinera ces orientations en principes d’aménagement du sol.
3/ Privilégier les solutions fondées sur la nature
Les Solutions d’adaptation fondées sur la Nature constituent des moyens efficaces de s’adapter au changement climatique tout en contribuant à préserver la biodiversité. Par exemple, il existe des solutions naturelles efficaces pour lutter contre les inondations : comme préserver les zones humides, pour absorber l’eau et la restituer l’été. Ou encore, désimperméabiliser les sols en ville et infiltrer l’eau de pluie là où elle tombe : cela évite de grossir les réseaux pluviaux au risque qu’ils ne débordent.
4/ Adapter le bâti
Face au risque d’inondation ou de submersion la collectivité peut ériger des ouvrages de protection (digues, brise-lames, murs de protection, etc.). Toutefois ces options sont aujourd’hui de plus en plus contestées : elle peuvent reporter les phénomènes en amont ou en aval (effet « domino » des épis), modifier le transit sédimentaire (digues), entraîner une perte de plage (murs de protection). Nuire à l’environnement (modifier l’état des masses d’eau, rompre les continuités écologiques, etc.). Pour autant, elles restent parfois la seule option envisageable : lorsque les enjeux sont trop importants, qu’il n’existe pas d’alternatives plus souples, ou en attendant les effets d’une action à plus long terme.
Au-delà des responsabilités de l’État et des communes pour réduire la vulnérabilité du territoire, chacun peut agir à son niveau en tant que propriétaire, locataire pour adapter son logement au changement climatique. Les collectivités peuvent aussi agir sur leur propre patrimoine bâti.
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Les indicateurs sont calculés à partir de projections climatiques de référence (DRIAS2020).Ils ciblent l’évolution à l’horizon du milieu du siècle dans un scénario médian d’émission de gaz à effet de serre. Ils sont organisées en cinq familles :
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L'urgence climatique est là. Pour agir, il est indispensable de connaître aussi précisément que possible les évolutions climatiques en vue de s'y adapter.